Chapitre 39

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Un homme remonta de la petite cave en passant par la trappe ouverte dans le plancher. Charlotte étudia l'Alchimiste :

Il était la copie quasi conforme de Lyrad. D'ailleurs les deux hommes se firent face, de sorte qu'ils devaient avoir l'impression de regarder dans un miroir : Lyrad avait une cicatrice qui lui barrait le sourcil gauche et l'Alchimiste avait la même mais à droite.

Les frères se serrèrent la main avant de se tourner vers Charlotte.

— Bienvenue Charlotte, déclara l'Alchimiste de la même voix que Lyrad.

Il s'approcha d'elle, ravi son air perplexe. Charlotte se demanda pourquoi Lyrad ne lui avait pas dit qu'ils étaient jumeaux.

— Je suis Daryl, déclara-t-il en se présentant.

— Heu, enchantée, répondit-elle mal à l'aise par son regard perçant et inquisiteur.

Une lueur froide brillait dans le regard de l'Alchimiste, contrairement aux yeux de Lyrad qui n'exprimaient que douceur et compassion.

Charlotte eut un soubresaut, quand elle comprit que même leurs prénoms étaient en miroir. La jeune femme jeta un regard inquiet à son compagnon, qui restait tendu en gardant les yeux rivés sur le plancher.

— Tu dois avoir des questions, déclara Daryl en s'approchant des rouages au sol.

Il s'empressa d'ajouter :

— Tu es ici, parce que je t'ai fait venir. Nous sommes plus ou moins liés. Vois-tu, j'ai choisi de consacrer ma vie à l'étude de l'univers et à ses vastes mondes. Ce qui est à la fois étrange et fascinant, c'est que l'univers est composé d'éléments qui sont essentiels pour la conception de la vie. C'est le ratio de cette composition que je cherche à étudier.

— Dans quel but ? demanda Charlotte, perplexe.

— L'âge d'or de la magie est encore très loin, expliqua Daryl. J'ai le désir de contribuer à cette élévation de mes confrères et consœurs. Et regarde ! ajouta-t-il.

Daryl écarta les bras de son corps pour tourner sur lui-même, désignant de ses mains toute sa collection de bocaux.

Charlotte s'approcha de l'étagère la plus proche. Dans ces bocaux emplis d'un liquide épais jaune rougeâtre, elle pouvait distinguer : des yeux, des langues, des têtes d'étranges animaux, des organes, des pattes, peut-être des vers, des insectes...

— J'ai réussi à faire venir toutes sortes de créatures, se justifia-t-il fièrement. D'ailleurs, tu es la seule espèce similaire à la nôtre pour le moment. J'ai appris beaucoup sur ton monde grâce à toi, il ne me reste plus qu'à t'étudier de près.

Charlotte restait pétrifiée devant ces morceaux de chairs soigneusement conservés :

— Me... m'étudier ? balbutia-t-elle.

La jeune femme chercha l'assistance de Lyrad, qui n'avait pas changé de posture.

— Vous avez torturé ces créatures ? demanda-t-elle, en connaissant d'avance la réponse.

— Je les ai disséquées, confirma Daryl. C'est ma contribution à l'avancée de la magie dans mon monde. Je suis convaincu que je suis le seul à avoir réussi cet exploit... pour le moment, il me faut taire ce progrès culminant, mais bientôt... bientôt, ce monde connaîtra mon nom et reconnaîtra ma suprématie.

— Je dois rentrer chez moi, répliqua Charlotte, paniquée.

— Impossible, se désola faussement Daryl. Ma machine est conçue pour fonctionner dans un seul sens. C'est vrai, je n'ai pas besoin de me rendre dans ces mondes pour les étudier. Les autochtones qui ont une composition proche de la mienne, sont aspirés juste ici, où j'ai tout le loisir de les étudier.

Daryl désigna le centre de cet étrange mécanisme, fait de rouages sous un plancher un bois surélevé.

— Vous dites que nous avons un lien génétique, s'étonna Charlotte. C'est ridicule !

— Ridicule ? répéta Daryl. Tu es pourtant devant moi !

— Je... je suis arrivée sur un champ de bataille, rectifia Charlotte, cherchant à réfuter les dires de l'Alchimiste.

— Correct, approuva Daryl. Le transfert s'est mal passé. Le sang appelle le sang, et malheureusement, il coulait à flots quand j'ai procédé au rituel pour te faire venir.

Daryl s'approcha du bord du mécanisme et pointa une petite rainure circulaire, similaire sur tous les rouages empilés.

— Je dois placer une goutte de sang dans chaque emplacement, expliqua Daryl. Tu n'étais pas obligée de faire couler le tien, parce qu'il circule dans ton corps, mais une seule goutte suffirait à faire fonctionner le rituel.

— Pitié, ne me faites pas de mal ! le supplia-t-elle, consciente qu'elle finirait elle aussi conservée dans des bocaux. 

Kross : le peuple guerrier T1 🔞(terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant