Kross : le peuple guerrier T1 🔞(terminé)

Chapitre 17

Le jour suivant, Sinn rejoignit ses troupes en milieu d'après-midi. Le seigneur Kross reprit la tête du convoi et voyagea à côté de Riyès en silence un moment.

— Comment a agi l'adolescent ? demanda-t-il.

— Il se tient à carreau et Sori le garde isolé des autres, répondit Riyès.

— Et comment les Kross ont réagi en le voyant revenir du piton ? soupira Sinn.

— Les guerriers sont restés impassibles, mais les serviteurs et autres civils ont eu beaucoup de difficulté à cacher leur déception.

— Les rapporteurs n'ont pas bien travaillé, dirait-on, s'esclaffa Sinn.

— Les paroles de l'Oracle ont été répétées avec fidélité, insista Riyès, seulement...

— Seulement les paroles sont faibles face aux idées reçues, enchérit le chef des Kross.

— Votre peuple craint pour votre sécurité, expliqua Riyès.

— Ma sécurité, ricana Sinn. Je conduis mon armée au-devant d'une guerre, ce n'est pas un adolescent qui va me terrasser.

— Nous avançons à bon rythme, enchaîna Riyès pour changer de sujet. Nous arriverons aux abords de la frontière nord dans une semaine, tout au plus.

— Les températures chutent encore, mon ami, il faut avancer encore plus vite pour être sûrs de confiner les Ombres sur leur territoire avant de tous les exterminer, affirma Sinn.

— Qu'est-ce que l'Oracle a vu ? osa demander Riyès.

— Que notre victoire est assurée, répondit Sinn, confiant.

Riyès savait que les prédictions de Brume ne pouvaient pas être aussi claires, d'autant que beaucoup d'autres oracles avaient annoncé l'anéantissement total de l'armée qui se dresserait face aux Ombres. Le guerrier fixa l'horizon préférant mettre ses inquiétudes de côtés.

« Au moins, l'étranger m'a permis de vivre un peu plus longtemps et peut-être même que grâce à lui, ma présence sur le champ de bataille sauvera mon seigneur de cette mort annoncée » se rassura intérieurement Riyès.

Riyès repensa aux derniers moments de sa vie. Quelques jours plus tôt, il avait eu la sensation d'être observé, non loin de la rivière. Il s'était enfoncé seul dans la forêt, pour rechercher des traces de présences humaines. Une silhouette sombre aux yeux jaunes sauta sur lui depuis la cime d'un arbre. Riyès se défendit de son mieux, mais la rapidité de l'attaque et la férocité de la créature les avaient fait s'approcher de très près de la rivière. L'ultime attaque que l'Ombre lui porta, lui fut fatale, mais l'ennemi l'entraîna dans l'eau avec lui. Les remous et le poids mort accroché à son manteau le firent couler.

La sensation de se noyer fut un supplice, puis plus rien jusqu'à ce qu'il se réveille sur le rivage avec l'adolescent au-dessus de lui. Riyès repoussa violemment le frêle garçon et roula sur le côté en toussant et puis peu après quelques badauds lui racontèrent comment l'étranger avait fait pour lui rendre le souffle de vie.

Au début, Riyès fut exaspéré d'apprendre que le garçon avait posé ses lèvres sur sa bouche, mais il comprit qu'il lui devait une fière chandelle, parce qu'il lui avait donné une nouvelle chance de veiller sur son chef et ami.