Chapitre 31

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Charlotte colla aux basques de Sinn durant toute la matinée.

Le chef des Kross organisa la sécurité de cette ville de bric et de broc, parce que l'armée allait prendre position plus au nord. Sinn avait déjà fait partir un contingent de soldats pour préparer l'avant-poste.

Le plus gros des troupes participaient à la création des protections de la zone des civils, qui étaient là pour produire tout ce qu'il fallait pour l'armée et de quoi tenir un siège. Niveau sécurité, il était question de démonter et de renverser des chariots pour créer un mur en bois aux endroits les plus difficiles à protéger. Des piques en fer devaient être plantés dans le sol à proximité... si des Ombres venaient à monter sur ce mur, elles finiraient empalées sur cette herse géante.

Beaucoup d'hommes avaient également investi la forêt pour couper des arbres, car il fallait encore créer d'autres herses en bois, qui seraient enterrées tout autour de la ville et dissimulée sous des tapis, composés de hautes herbes tressées et la neige dissimulerait encore mieux ces pieux enterrés.

Seul un sentier assurerait un accès sûr à la ville, alors si les Ombres approchaient en marchant ou en courant, quel que soit le côté, elles tomberaient sur ce piège, basique mais efficace... et elles s'y empaleraient les pieds. Aussi gravement blessées, les Ombres ne pourraient plus avancer ni reculer et seraient facilement abattables par des archers.

En fin de matinée, Charlotte crut qu'elle allait pouvoir rejoindre Sori, mais Sinn décida de l'emmener pour étudier le terrain qui accueillerait l'armée des Kross. Quant à Riyès et Erakris, ils furent chargés d'assurer la fin des travaux avant la nuit.

Déçue, Charlotte grimpa sur son warex qui suivit celui de Sinn.

— Contrariée ? lui demanda Sinn, après avoir quitté la ville.

— Non, souffla Charlotte, morose.

— Ne mens pas, gronda Sinn.

— Ce qui m'ennuie c'est que j'ai l'impression d'être votre animal de compagnie, marmonna Charlotte.

— Excellente idée, répondit Sinn. Tu me suivras partout comme un animal docile et apprivoisé.

— Ce que vous dites est avilissant, s'offusqua-t-elle.

— Ma chère épouse n'aurait pas dit mieux, ricana Sinn.

Charlotte garda le silence, mais son visage parlait pour elle, et Sinn le déchiffra sans peine :

— La fidélité c'est pour les pauvres, soupira-t-il.

Sinn dévisagea encore Charlotte, qui gardait le silence :

— Il fut un temps où Houria m'aimait, se justifia-t-il.

— Et que s'est-il passé ? demanda Charlotte. Elle a compris que vous êtes froid et incapable d'aimer ?

— C'est à peu près ça, concéda Sinn.

Le seigneur des Kross savait qu'il allait devoir punir l'étrangère pour son insolence, mais les souvenirs de son enfance prenaient de plus en plus de place dans son esprit.

Sinn se demanda si c'était l'approche de l'hiver et l'affrontement avec les Yoxans qui étaient à l'origine de cette remontée de souvenirs, ou peut-être que c'était l'idée de mourir sans qu'au moins une personne ne sache vraiment qui il était, qui en fut la cause.

Sinn ne supportait pas le mensonge. En revanche, lui-même avait tu beaucoup de choses, parce qu'il ne savait pas à qui se fier. Se confier était devenu pour lui un signe de faiblesse, des moyens de pression offerts à ses proches pour le manipuler...


Sinn avait douze ans quand Carron, ivre, avait débarqué dans sa chambre avec Célestine, l'une de ses favorites. Elle était nue et son visage était tuméfié, car le seigneur des Kross l'avait durement frappée durant un coït.

Carron avait subitement décidé que son fils devait apprendre à être un homme, parce qu'il venait de conclure une entente de mariage entre Sinn et Houria, la fille cadette du souverain des terres des Albâtres, un peuple qui vivait au bord de l'océan.

Carron poussa Célestine sur le matelas. Le jeune garçon sortit de son lit et chercha à quitter sa chambre, mais Carron lui hurla de rester sous peine de sévères représailles.

Ivre, Carron se jeta sur la jeune femme, puis il entreprit de montrer l'exemple à son fils.

Le jeune Sinn serra les poings de colère, mais il dut observer son père violenter sa favorite, qui gardait le silence malgré la brutalité de l'assaut.

L'exemple donné, Carron se releva et referma son pantalon, puis il passa devant son fils pour quitter la chambre :

— Amuse-toi avec elle, lui ordonna-t-il. Cette catin est aussi cajoleuse que ta salope de mère... Célestine sait qu'elle finira au trou comme elle, si elle ne se montre pas à la hauteur ! ajouta-t-il avant de sortir.

Le jeune Sinn regarda Célestine, le visage boursouflé, elle restait immobile sur le lit, mais pleurait à chaudes larmes.

— Couvre-toi, lui ordonna le jeune Sinn.

Célestine obéit sans attendre.

L'enfant qui se sentait mal à l'aise face à la jeune femme, décida de prendre son manteau et quitta la chambre.

Kross : le peuple guerrier T1 🔞(terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant