Kross : le peuple guerrier T1 🔞(terminé)

Chapitre 11

Charlotte arriva sous la tente des cuisines et posa ses deux récipients sur la table sous le regard surpris de Sori et des autres mitrons.

— Que t'est-il arrivé ? lui demanda-t-elle.

Le commis haussa les épaules en guise de réponse, puis sortit pour aller se changer, Sori sur les talons.

Les deux amies entrèrent dans leur petite maison de toile et la Kross attendit une explication.

— Près de la rivière, j'ai remarqué qu'il y avait un corps dans l'eau et il s'est accroché à des branchages, chuchota Charlotte en ouvrant l'un des coffres de Sori pour en tirant un pantalon.

— Je... soupira-t-elle. Je suis allée le chercher et je l'ai ramené jusqu'au rivage, ajouta-t-elle en se déshabillant, consciente que seules ses bottes ne pouvaient pas être remplacées, et qu'elle allait garder les pieds mouillés jusqu'à ce que leur journée de labeurs soit terminée.

— Qui est mort ? souffla Sori, peinée par la nouvelle.

— Riyès, répondit-elle en nouant sa ceinture en tissu.

— Que les Onis veillent sur son âme, soupira la maître queux.

— Pourquoi cette grimace, s'étonna Sori en dévisageant Charlotte.

— Le souci, avoua Charlotte en plissant le front tout en enfilant ses bottes. C'est que les gens qui s'étaient regroupés ont poussé des cris d'indignations quand j'ai pratiqué un massage cardiaque sur lui et que je lui ai fait du bouche-à-bouche... dans mon monde c'est comme ça que l'on arrive à réanimer les personnes qui sont mortes depuis peu, se justifia-t-elle.

— Et alors ? s'inquiéta Sori. Riyès est revenu à la vie ?

— Oui, sous les yeux de Sinn et de ses sujets, marmonna Charlotte.

— Réalises-tu ce que tu as fait ? souffla la Kross en se plaquant les mains sur les joues.

Face au silence de la jeune femme, Sori se désola pour elle.

— Les gens vont avoir encore plus peur de toi maintenant, expliqua-t-elle en laissant tomber ses bras de désarroi. La menace sous-jacente que tu représentes pour les Kross était déjà inquiétante, mais là, tu as ramené une âme dans son corps... cela implique qu'aux yeux de tous, tu n'es pas seulement un sortilège placé sur le chemin de Sinn, mais que tu es peut-être dotée d'un grand pouvoir.

Les deux amies se fixèrent partageant la même inquiétude. Charlotte allait tenter de se justifier, mais Sinn entra sans se faire annoncer, suivi de près par des gardes qui entourèrent le garçon.

— Je dois le mettre en cage, expliqua Sinn à Sori. Il vient de révéler sa vraie nature !

— Sa vraie nature ? demanda Sori. La rumeur dit que cet idiot est tombé dans la rivière, seigneur.

Sinn eut un rictus.

— Je l'ai vu ramener Riyès à la vie d'une manière perverse et grotesque, ricana-t-il. Allez, emmenez-le, ordonna-t-il à ses guerriers.

— Seigneur, protesta la cuisinière. Ce n'est qu'un garçon fragile et innocent. Je vis avec lui depuis que vous me l'avez confié... après qu'il a tenté de sauver la vie de ma jeune apprentie. Ce qu'il a fait est peut-être une attitude courante chez lui, d'où qu'il vienne... et il n'a jamais rien fait qui me fasse penser qu'il était une menace pour ma vie, ou celle des Kross et encore moins pour vous, seigneur. Dans le cas contraire, je vous l'aurais dit pour ma propre sécurité.

— Ta plaidoirie est intéressante, répliqua Sinn amusé par l'audace de la cuisinière. Seulement on dirait que l'arrogance du garçon a refusé d'apprendre notre langue et à s'adapter à notre monde, a déteint sur toi. Alors ravale ton audace et laisse-moi protéger mon peuple comme je l'entends.

Sinn étudia l'expression effrayée du garçon, dont les yeux restaient rivés sur Sori, espérant peut-être de l'aide de sa part.

— Il comparaîtra devant la Dame Blanche dans deux jours, s'il survit aux basses températures des deux prochaines nuits, affirma-t-il.

Sori se jeta aux pieds de son chef.

— Soyez indulgent, seigneur ! le supplia-t-elle.

— Très bien, concéda Sinn. Puisque tu y tiens tant, tu seras mis en cage avec lui où tu pourras lui tenir chaud durant la nuit, mais la journée tu seras à ton poste. Le garçon restera en cage... Suis-je assez indulgent ? lui demanda-t-il, une expression dure et fermée sur le visage.

Sori ne répondit pas, alors qu'un guerrier l'attrapait par le bras pour la relever.

Sinn regarda les deux prisonniers sortir et être conduits en cage. Le chef des Kross étudia brièvement la petite tente de la maître queux et de son jeune commis, puis il sortit, satisfait.