Chapitre 68

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Charlotte avait l'impression qu'elle était enfoncée dans un matelas moelleux. Seulement elle avait le sentiment d'être enfermée dans son corps et que ses membres étaient trop engourdis pour lui obéir.

L'image de Malé engloutie sous des Ombres lui vint en mémoire. Ce sentiment lui serra le cœur. La jeune femme voulait ouvrir les yeux, car elle avait besoin de savoir ce qui était arrivé, comment ils avaient survécu... puisqu'elle était toujours en vie.

L'idée que peut-être, cette sensation d'engourdissement provenait d'une amputation, lui fit peur. Charlotte voulait absolument se réveiller, mais elle n'arrivait pas à reprendre possession de son corps.

Un « bip » retentissait régulièrement à ses oreilles et ce son semblait battre la mesure de son cœur.

Consciente d'être de retour dans son corps, elle chercha à bouger les orteils, les doigts, mais elle en était incapable. En revanche, son cerveau lui envoyait sans difficultés des images mentales terrifiantes, les réminiscences d'un horrible cauchemar.

Pouvait-on dormir si profondément qu'on en sortait de son corps ?

Quel était donc ce sommeil qui l'avait portée si loin dans l'horreur ?

Charlotte n'avait pas envie d'avoir les réponses à ces questions, du moment qu'elle pouvait se réveiller et se sortir de ce piège infernal. Si toute cette terreur était le fruit de son imagination, peut-être était-elle en mesure d'en définir les règles...

« Malé ? » coassa-t-elle d'une voix inaudible et la bouche sèche.

Charlotte avait toujours les yeux fermés, mais elle entendit une voix familière.

« Oh putain. Oh putain, Charlotte ? » s'écria la voix.

Charlotte sentit qu'on lui serrait la main. Ce contact la rassura et l'aida à reprendre un tant soit peu la maîtrise de son corps.

Charlotte ouvrit à peine les yeux, car la lumière blanche lui fit mal. Une Ombre se plaça dans cette vive clarté et le cœur de Charlotte fit un bond.

— Charlotte ? pleura l'Ombre, de cette voix familière.

— Malé ? Comment va Malé ? coassa Charlotte, d'une voix éraillée.

— Quoi ?... Attends, attends... s'écria cette voix.

L'ombre fila et quitta la pièce.

Charlotte battit des paupières et sa vision s'ajusta. La jeune femme put étudier l'endroit où elle était... une chambre d'hôpital.

Ségolène avait rameuté médecins et infirmières. Tout ce petit monde entra pour voir la revenante.

Charlotte était totalement déboussolée et l'agitation autour d'elle lui fit peur. La jeune femme ne comprenait rien à ce qui lui arrivait et elle demanda d'une voix faiblarde : « qu'est-ce qui m'arrive ? ».

Durant cinq jours, les médecins lui firent subir des batteries d'examens pour chercher une explication à son état. Tout ce qu'ils avaient pu lui dire, c'était qu'elle avait été retrouvée inconsciente chez elle, après une soirée particulière. Son état s'était dégradé et son corps et ses organes avaient eu des défaillances. Les médecins avaient traité les symptômes, les uns après les autres, sans comprendre ce qui l'avait mise dans cet état et comment la soigner.

C'est surtout Ségolène qui lui donna un récit détaillé de ce qu'il lui était arrivé :

Ségolène avait tenté de joindre Charlotte durant le week-end après la soirée au fort, mais comme son amie ne répondait pas, elle avait d'abord supposé qu'elle était avec Chris et qu'elle n'avait pas envie d'être dérangée. Le dimanche, Ségolène s'inquiéta de son mutisme et alla jusqu'à son appartement. Devant sa porte close, Ségolène lui téléphona et quand elle entendit le portable sonner à l'intérieur, Ségolène paniqua et appela les secours.

Ils trouvèrent Charlotte allongée sur son lit, inconsciente.

Ségolène dut gérer son hospitalisation, et raconta aux médecins le déroulement de leur soirée du jeudi soir. Tous les participants durent passer des tests et Néo donna la liste des ingrédients qu'il avait utilisés pour sa « boisson » qu'ils avaient tous bue. Cette histoire allait sans doute faire l'objet de poursuites judiciaires.

Ségolène expliqua à Charlotte que des ecchymoses apparurent très vite sur son visage. Puis, plus tard ses pieds avaient été tellement traumatisés que sa peau avait saigné. Encore plus tard, ce fut son abdomen et ses organes qui avaient « déconné ».

Les examens montraient que le corps de la jeune femme « au bois dormant » était en souffrance. Alors en plus des divers cocktails de médocs, les médecins lui donnaient de la morphine. La douleur s'était arrêtée d'un seul coup, évitant à son corps d'autres traumas, mais plus le temps passait, plus les médecins avaient l'impression que Charlotte pouvait mourir à tout moment.

Ségolène s'était accrochée à l'idée que Charlotte allait vivre et elle venait la voir tous les jours, pour lui parler de leurs collègues de boulot ; lui suggérer une liste de voyages qu'elles allaient faire toutes les deux l'incitant chaque jour à se réveiller ; et les jours sans, elle lui parlait de la vie banale de sa famille...

Kross : le peuple guerrier T1 🔞(terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant