Chapitre 76

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Il revint malgré tout le jour suivant, parce que l'idée de la laisser lui était insupportable. Il savait également que Charlotte pouvait se montrer têtue, mais il n'était du genre à renoncer et surtout, il avait une motivation supplémentaire pour ne pas flancher, et perdre le contrôle sur les Ombres.

Sinn frappa à la porte de la masure et attendit. Il entendit Charlotte réprimander l'Aronx, qui feulait pour prévenir le visiteur qu'il savait qu'il était là et que ça ne lui plaisait pas.

Quand Charlotte ouvrit la porte, elle dévisagea Sinn en plissant des yeux de mécontentement :

— Je ne pensais pas te revoir, déclara-t-elle sur la défensive.

— Je ne pensais pas revenir, mentit Sinn. Mais j'ai oublié de te rendre ceci !

Sinn lui tendit le pendentif qu'il lui avait offert.

— Il a une grande valeur, reprit-il. Tu pourras le vendre pour t'offrir une vie confortable, ailleurs !

— Je ne peux pas accepter, soupira Charlotte, calmée.

— Prends-le et va vivre dans un endroit plus civilisé, la supplia-t-il. Tu penses vraiment pouvoir cultiver la terre dans ton état ? Comment feras-tu pour accoucher seule au milieu de nulle part ?

— Tu sembles y avoir réfléchi plus que moi, marmonna Charlotte.

La jeune femme qui se voulait indépendante dans son monde, savait qu'il lui était plus difficile, mais peut-être pas impossible, de vivre seule dans le monde de Sinn.

— Laisse-moi t'aider, insista Sinn.

— Pourquoi ? marmonna-t-elle.

Charlotte ne savait pas si c'était par amour-propre qu'elle s'obstinait à refuser son aide, ou si elle attendait autre chose de lui.

— On l'a fait ensemble, répondit Sinn, avec un petit sourire tout en désignant son ventre rebondi.

— Je ne veux pas vivre au milieu de tes favorites, réfuta-t-elle. Et je ne veux pas m'en séparer, ajouta-t-elle en caressant son ventre.

Sinn savait que Charlotte faisait référence aux accords commerciaux qu'il avait conclu pour assurer la survie de ses filles, onze au total à sa connaissance.

— Si je pouvais, soupira Sinn. Je resterais ici avec toi et ton dangereux animal de compagnie, mais pour le moment les Yoxans attendent de moi que je sois leur chef. Je t'offrirai tout ce que tu désires, reprit-il, mais je t'en supplie, viens vivre avec moi.

— Et tes maîtresses ? demanda Charlotte.

— Ça a été passager, parce qu'elles ne sont pas toi, répondit Sinn conscient qu'il ne devait pas lui mentir.

Au vu du regard attendri de Charlotte, Sinn savait qu'il avait gagné des points, mais il devait s'assurer de rentrer avec la jeune femme.

— Tout mon monde s'est écroulé, déclara-t-il. Quand Riyès est venu m'annoncer que tu avais pu rentrer chez toi, il m'a ôté le seul espoir qui me restait encore de pouvoir te retrouver et vivre avec toi.

Face au mutisme de Charlotte, qui avait les larmes aux yeux, Sinn ajouta :

— Cette histoire des Ombres est passagère dans ma vie, insista-t-il. Quand nous serons guéris, ils trouveront un autre seigneur si ça leur chante. La seule constante pour moi c'est qu'il me manque une partie de mon être quand on n'est pas ensemble.

— Je ne suis pas facile à vivre, tu sais ! pleura-t-elle.

— Moi non plus, ricana Sinn. Mais je veux devenir meilleur, apprends-moi à être un bon père pour notre enfant, ajouta-t-il en lui caressant la joue.

Charlotte lui sauta au cou et s'accrocha à lui très fort. Sinn l'enlaça ravi qu'elle ait enfin cédé.

Kross : le peuple guerrier T1 🔞(terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant