Kross : le peuple guerrier T1 🔞(terminé)

Chapitre 74

Charlotte avait fait le choix de revenir dans le monde de Sinn, malgré sa mort tragique. La jeune femme s'était absentée de son corps durant onze jours, mais en revenant à elle, c'était comme si elle avait dormi six mois : son corps avait maigrir et ses muscles avaient un peu fondu, mais c'était moins affolant que son apparence dans son monde natal.

Erakris, le nouveau seigneur des Kross, lui avait proposé d'aller vivre chez eux. Charlotte pouvait lire sur le visage de Riyès que cette proposition le réjouissait, malgré l'annonce des autres terribles nouvelles : la conspiration d'Efraïm et sa liaison avec Houria, l'épouse de Sinn ; la mort de bon nombre de guerriers et de civils, dont les cinq favorites de Sinn, et de Sinn lui-même.

Charlotte n'avait pas envie de croiser les anciennes favorites de Sinn, ses fils et ses filles nés hors mariage, ainsi que ses deux héritiers. Charlotte ne voulait pas assister au procès de Houria et de son frère et amant, Draz. Et par-dessus tout, Charlotte craignait de rester une étrangère pour ce vaillant peuple.

Charlotte demanda à Riyès de partir avec Erakris, expliquant qu'elle resterait encore un peu dans la demeure de Brume avant de tenter de reconstruire sa vie, ailleurs.

Bien qu'elle sache pertinemment où elle voulait aller vivre, elle préféra ne rien dire à Riyès, parce que la jeune femme voulait désespérément garder son secret.

Quelques jours après avoir pris sa décision, Brume lui donna un parchemin, en lui déclarant qu'elle lui avait laissé toutes les explications nécessaires à son voyage imminent.

Un mois après son retour, Charlotte quitta la demeure de Brume avec trois warex, offerts par l'Oracle pour transporter nourriture et objets utiles à son voyage.

La jeune femme profita de la clémence du temps, et du printemps qui s'annonçait. Toutefois, le trajet qui devait durer une semaine en prit trois, car Charlotte s'était égarée plusieurs fois, la forçant à rebrousser chemin.

Durant l'une de ses erreurs de trajectoire, Charlotte trouva un jeune Aronx allongé et résigné car il était pris au piège dans un terrain boueux, probablement dû à la fonte rapide de la neige. L'animal affaibli n'avait aucune autre option que de se laisser mourir.

Charlotte qui avait conscience qu'il s'agissait d'un bébé, n'eut pas le cœur de l'abandonner à son sort. Alors, non sans peine, elle le sortit de son piège, puis lui donna un peu d'eau. Avant de partir, Charlotte lui laissa de la nourriture, car le souffle rapide, il restait allongé sur le flanc pour se remettre de ses émotions.

Le jeune Aronx la rejoignit deux jours plus tard, alors qu'elle montait sa petite tente pour dormir. D'abord inquiète, Charlotte regarda l'animal s'approcher du petit feu qu'elle avait allumé pour se réchauffer. Les deux étrangers l'un pour l'autre s'étudièrent, curieux, puis Charlotte lui lança un biscuit sec, marquant ainsi le début de leur étrange amitié.

Charlotte atteignit la maison de Lyrad une semaine plus tard. La bâtisse et la grange étaient intactes, seul le moulin avait été détruit.

Cela faisait quatre mois que l'invasion massive des Ombres avait fauché de nombreuses vies, y compris Malé, Kahléa et Sinn.

Depuis qu'elle était chez elle, Charlotte recevait toutes les semaines la visite d'un homme de confiance de Brume, des amants à n'en pas douter, qui lui apportait des vivres et de quoi s'installer pour de bon.

Massaï, son Aronx, feula annonçant une visite. Charlotte sortit de la grange en portant le panier, qu'elle s'était confectionné avec acharnement mais heureuse que ses cours de vannerie n'aient pas été vains. Ses cheveux ayant poussé, elle devait les maintenir avec un bandeau, à la mode des pin-up de son ancien monde, et elle portait l'une des robes simples et confortables offertes par Brume.

— Je ne pensais pas vous voir si tôt, s'enthousiasma-t-elle, souriante.

La jeune femme s'approcha et regarda son visiteur installé sur un warex. Charlotte se figea en cramponnant son panier, le maintenant devant elle comme un bouclier.

— Je... tu... balbutia-t-elle, surprise.