Chapitre 25

283 33 0
                                    

Sous sa tente, Erakris déposa l'étrangère sur un lit de camp. Il se redressa pour l'étudier en écartant la couverture pour mieux contempler son corps. Quand ils étaient dans les quartiers de Sinn, il avait fait de gros efforts pour ne pas lorgner ses cuisses, mais c'était dû à la curiosité.

Les femmes de son monde ne l'avaient jamais excité. En voyant l'étrangère, Erakris s'était demandé si elle pouvait faire changer ça. L'Alchimiste mata sans vergogne ses seins, son ventre qu'il effleura d'un revers de doigts et finit par poser son regard sur sa zone pubienne. Erakris se focalisa sur son propre sexe qui restait désespérément inerte... Résigné, il soupira et couvrit sa patiente.

L'Alchimiste se détourna et sortit le bandage ensanglanté. Il regrettait de ne pas avoir été présent le jour de son arrivée, car son don lui aurait peut-être permis de sentir quelques traces de la magie qui l'avait conduite jusque-là.

Tous les porteurs du don savaient que l'utilisation de la magie laissait une trace propre à chacun, une marque éthérique qui pouvait en dire long sur le praticien, si on savait comment l'interpréter. Cependant les informations données par Nane'té, ne lui laissaient que peu d'espoir d'avoir fait mieux qu'elle.

Désireux de pouvoir faire quelque d'utile, Erakris récupéra une grosse malle, qu'il déposa sur son bureau d'un geste déterminé qui fit tinter les fioles qu'elle contenait.

Pour aider son frère, Erakris devait en apprendre plus sur la jeune femme, parce que même si elle n'était pas détentrice du don, il savait qu'un peu plus tôt quelque chose d'étrange était arrivé alors qu'il l'avait à peine examinée.

Plus âgé que Sinn de cinq ans, Erakris était le fruit d'une nuit torride entre Carron, leur père, et Favéla, une des nombreuses favorites du seigneur des Kross. Malgré toutes les maîtresses de Carron et son appétit sexuel, la fratrie de Sinn se résumait à Erakris, l'aîné ; Efraïm, trente-huit ans, fils d'Avalonne ; et Elvet, vingt-sept ans, fils de Brie.

Carron était réputé pour être un tyran sanguinaire. Ce seigneur de guerre avait eu trois épouses successives, qu'il avait tuées lui-même, avant de prendre en quatrièmes noces Tatiana, la mère de Sinn.

Erakris était très jeune à l'époque, mais certains souvenirs restaient gravés dans sa mémoire, surtout ceux des femmes, épouses et favorites, qui gravitaient autour de Carron. Chaque grossesse les mettait en émoi, parce qu'elles connaissaient le sort réservé à celles qui donnaient naissance à une fille : Carron assistait à l'accouchement puis égorgeait le bébé et la mère.

Parmi les nombreux fils que Carron avait eus avec ses favorites, seuls trois avaient survécu à son enseignement martial. Sinn était son successeur direct, puisqu'il était son fils légitime, et aucun de ses demi-frères ne l'enviait, parce que leur père s'était montré plus violent et autoritaire avec lui.

Favéla, la mère d'Erakris, très aimante, lui avait répété sans cesse qu'ils devaient se montrer prudents et ne pas se témoigner de signes de tendresse devant Carron.

Un jour, le jeune Erakris avait vu Tatiana, la mère de Sinn, se dresser entre Carron et son fils pour le protéger de cette éducation tyrannique. Tatiana mourut peu après dans des circonstances troublantes, privant le jeune Sinn, âgé de quatre ans, de son amour maternel et de ses cajoleries.

Le souvenir le plus marquant de son enfance fut le jour où Carron les avaient fait assister à un accouchement, Erakris avait dix ans, Efraïm huit ans et Sinn, cinq ans. Immobiles face au lit, le regard des deux aînés fuyait la scène. Le petit Sinn lui regardait sans ciller.

Quand Carron s'approcha et sortit son couteau, la favorite hurla de terreur. Les trois garçons virent leur père égorger le bébé, qui était une fille, alors que la mère l'implorait de les laisser vivre toutes les deux.

« Ne pleurez pas » leur avait soufflé le jeune Sinn. Sa voix fut presque masquée par les cris de terreur de la mère. « Il vous punira, s'il vous voit verser des larmes » ajouta-t-il sans détourner le regard de Carron qui égorgeait sa favorite.

Dès lors, Erakris et Efraïm avaient vu leur jeune frère évolué pour devenir le seigneur de guerre qu'il était : froid, autoritaire, colérique et intransigeant.

Pris dans le tourbillon de ses réminiscences, Erakris repensa à Riyès. Fils d'Hector et bras droit de Carron, ils avaient le même âge et les deux garçons grandirent ensemble, partageant les mêmes souffrances morales et physiques de leur enseignement militaire.

Erakris et Riyès, alors âgés de quinze ans, avaient fait le mur en pleine nuit pour entrer pour la première fois dans une maison close. Les deux adolescents n'avaient que peu d'argent, alors Riyès lui proposa de se partager une fille.

Erakris qui n'avait jusque-là jamais ressenti d'excitation sexuelle pour la gent féminine accepta pour faire plaisir à son meilleur ami. Il n'avait jamais eu le courage d'avouer que ses rares moments de masturbations survenaient en pensant à lui, visualisant son corps nu et mouillé quand ils allaient se laver après de leurs heures d'entraînement.

Dans cette chambre, cette nuit-là, la femme d'expérience était coincée entre Riyès qui la pénétrait par-devant et Erakris qui la pénétrait par-derrière. Durant l'acte, les deux adolescents se caressèrent accentuant ainsi leur excitation.

Plus tard, lorsque la femme s'endormit les deux jeunes hommes purent avoir leur moment à eux... Cette fameuse nuit les lia en amants et bien que Riyès soit bisexuel, il n'avait jamais connu d'autre homme qu'Erakris.

Tous les deux savaient que leur secret devait perdurer, sous peine de fâcheuses conséquences. L'homosexualité masculine n'était pas bien vue parmi le peuple Kross et Sinn ne supportait pas qu'on lui mente.

L'étrangère gémit de douleur, ce qui sortit Erakris de ses pensées. L'alchimiste se leva pour utiliser son don d'anesthésie sur elle, puis il retourna à son bureau. Il découpa le bandage ensanglanté en petits morceaux qu'il trempa dans plusieurs fioles contenant des liquides divers et variés.

Erakris cherchait des éléments pertinents pour apporter un début d'explication à sa présence. Sans le savoir, elle avait sauvé la vie de son homme, alors Erakris espérait la remercier en l'aidant à son tour, mais dans le plus grand secret, parce que quoi qu'il puisse arriver, son frère et chef passerait avant tout.

Kross : le peuple guerrier T1 🔞(terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant