Chapitre 6

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Même si l'allure était presque berçante, Charlotte profita du trajet à l'arrière du chariot pour étudier l'environnement et les personnes qui l'entouraient.

De prime abord, les gens avaient la même apparence que ceux de son monde, la vraie différence venait de la faune et de la flore : les arbres portaient des couleurs chatoyantes, la végétation en général était plus colorée, plus vive. Le plus bizarre pour Charlotte c'était les animaux, car ici les montures étaient un curieux mélange entre chevaux et lézards poilus, et les bêtes de somme étaient un hybride entre vache et hippopotame.

Et surtout, les volatiles ressemblaient à des minuscules dinosaures volants, certains semblaient porter un plumage aux couleurs flamboyantes, alors que pour d'autres c'était carrément le cuir de leur peau qui était aussi joliment orné.

Charlotte reporta son attention sur la file qui s'étalait devant elle, car le convoi semblait très long, mais étrangement silencieux pour une foule pareille. Charlotte se dit que c'était une petite ville qui serpentait au beau milieu de cette vallée sauvage.

La gothique ne savait pas si elle pouvait faire confiance à la quinquagénaire aux yeux rubis, mais elle allait devoir faire preuve d'audace, si elle voulait trouver une solution à son problème, à savoir comment retourner dans son monde ? Car oui, elle ne pouvait plus nier l'évidence, elle était bien réveillée et loin, très loin de sa « Réalité ».

— Où va-t-on ? demanda l'étrangère.

Sori poussa un petit cri de surprise.

— Tu parles notre langue ? couina-t-elle.

— Depuis mon réveil ce matin, je comprends votre langage, expliqua la jeune femme. J'ai voulu voir si j'étais en mesure de le parler et on dirait que vous me comprenez.

— Comment est-ce possible ? marmonna Sori en s'assurant que personne ne les regardait, ni ne les écoutait.

— D'où je viens, il est arrivé à des gens de parler une langue étrangère après un violent choc à la tête, mais c'est très rare, supposa-t-elle. Certains savent même jouer d'un instrument de musique sans jamais avoir appris, ajouta-t-elle comme pour soutenir son hypothèse.

— Écoute petite, chuchota Sori. Tu vas devoir garder le silence et feindre de ne rien comprendre à ce que l'on te dit. C'est important, ta voix est trop féminine, et tout le monde doit croire que tu es un garçon... pour ta sécurité !

— J'ai besoin d'aide, insista l'étrangère.

— Nous parlerons ce soir, répliqua Sori. Pour le moment, tu devras faire semblant de comprendre mes gesticulations. Nous devons être vigilantes toutes les deux, puisque je ne t'ai pas dénoncée à Sinn, ma vie aussi est en danger.

— D'accord, concéda-t-elle.

Le convoi progressa lentement toute la journée sans faire de halte. Sinn ordonna aux cuisiniers ainsi qu'aux intendants de presser le pas pour atteindre le flanc de la colline, car le seigneur des Kross voulait que sa tente soit montée avant son arrivée pour le crépuscule.

Sori et son apprenti mitron furent du lot et opérèrent ensemble pour aider l'intendance à monter le chapiteau seigneurial, ainsi que les abris pour les cuisines. Puis Sori gesticula pour demander au garçon de l'accompagner, car il fallait encore préparer le festin du chef des Kross.

À la nuit tombée et sous la houlette des deux lunes (l'une en quartier et rougissante et l'autre plus petite, blanche et pleine) qui régnaient dans le firmament, le seigneur et sa cour prirent possession de leurs maisons de toile.

Après une brève ablution, Sinn ordonna à ses meilleurs guerriers et à ses favorites de prendre place pour le repas. Une grosse poignée de serviteurs défila sous les tentes des cuisines pour apporter les plats et les boissons.

Sori veilla à ce que le garçon reste auprès d'elle parce que la Kross ne voulait pas prendre le risque que leur supercherie soit éventée.

Plus tard, il fallut nettoyer la vaisselle et distribuer les restes du festin aux guerriers qui devaient monter la garde où qui s'affairaient à leurs tâches coutumières. Même si tous les hommes ne pouvaient avoir l'honneur de manger les restes du repas de leur seigneur, toute l'armée avait pu se sustenter.

Sori donna ses instructions à sa petite troupe, ensuite elle attrapa le bras de l'étranger et l'entraîna avec elle. Lorsqu'elles entrèrent sous leur tente, Sori referma vivement les tentures derrière elles, puis la Kross fit face à sa jeune assistante.

Kross : le peuple guerrier T1 🔞(terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant