Kross : le peuple guerrier T1 🔞(terminé)

Chapitre 12

L'étranger et la cuisinière furent poussés au fond de la cage du chariot cellulaire. Les deux prisonniers qui ne pouvaient tenir debout dans cet endroit exigu, s'installèrent du mieux qu'ils purent et se blottirent l'un contre l'autre.

— Tout ira bien, murmura Sori. Les nuits ne sont pas encore glaciales...

— Le froid m'importera peu quand je serai morte, chuchota Charlotte, consciente qu'elle allait mourir très bientôt.

Charlotte n'eut en réponse qu'un profond soupir.

Cet enfermement posa comme un voile d'apaisement sur le campement, laissant les Kross vaquer à leurs occupations avec une confiance assurée en l'avenir et sous la bienveillance des deux lunes, l'une pleine et rouge, l'autre blanche et en croissant, qui s'imposaient fièrement dans un firmament scintillant d'étoiles.

Les deux captives assistèrent, spectatrices et silencieuses, au lent endormissement des habitants disciplinés du camp et elles finirent par capter l'éveil la vie nocturne, entendant probablement l'un des derniers concerts de la nature et de ses chants d'insectes avant l'arrivée de l'hiver.

La nuit fut longue et peu reposante pour les deux amies, heureusement la pâleur de l'aube marqua la libération de la maître queux. Les traits tirés et le corps raidi, Sori fut sortie de la cage pour rejoindre son personnel prêt à se mettre au travail.

Alors que son chapiteau était en train d'être démonté pour le voyage, Sori éprouva un pincement au cœur en pensant à l'idée de préparer le repas royal du soir, parce qu'elle savait que le « prisonnier » recevrait un peu d'eau et un ridicule petit morceau de galepain en fin de journée, alors les heures à venir seraient un véritable supplice pour Charlotte.

Le convoi avança à bonne allure, se rapprochant avec enthousiasme du Piton de la Dame Blanche. En début d'après-midi, Sinn profita d'une halte salutaire pour les hommes et les bêtes pour s'approcher de la cage et étudier l'adolescent.

« La nuit a été difficile », évalua-t-il en étudiant son teint blême sur son fin visage et marqué par la fatigue. Sans oublier que le manque d'eau et de nourriture accentuait son accablement, le rendant encore plus pitoyable.

— Si tu me demandes de l'eau, tu l'auras, déclara-t-il lentement pour se faire comprendre. Il te suffit de parler dans ma langue, fais un effort et tu auras de l'eau !

La tête appuyée contre les barreaux de sa cage, l'adolescent regarda le seigneur des Kross mais ne réagit pas. Cette attitude l'énerva profondément :

— Je me demande si cet entêtement est de la bêtise ou de l'arrogance, grogna-t-il.

Charlotte écouta le Kross, mais elle n'avait pas envie d'en entendre davantage, alors elle tourna la tête et se déplaça de l'autre côté de la cage, signifiant ainsi ce qu'elle pensait sans avoir à lui parler.

L'insolence du garçon fit sourire Sinn, stupéfait que quelqu'un puisse lui manquer autant de respect sans avoir à prononcer un mot. Il eut soudainement hâte que Nane'té et Erakris terminent leur conclave pour avoir l'avis de son frère sur l'étranger.

Chef des rares Alchimistes qui accompagnaient les Kross, Erakris était très occupé, alors après avoir rapporté des nouvelles incertaines concernant son Ordre, les deux frères n'avaient pas eu beaucoup de temps à parler tous les deux, et ils avaient évoqué des sujets plus importants que l'étranger dépourvu de don.

Riyès accourut vers lui :

— Seigneur, les hommes craignent qu'il ne vous jette un sort, vous ne devriez pas être aussi près de lui.

Sinn étudia son fidèle guerrier et ami :

— Tu as peut-être raison, répliqua-t-il. Que la cage soit recouverte d'une bâche, je ne veux plus le voir. Tant que Brume n'aura pas étudié l'étranger et qu'elle n'aura pas levé le maléfice le cas échéant, le garçon restera caché pour le bien des Kross.

— À vos ordres, beugla Riyès.

Le guerrier foudroya les gardes de la cage :

— Qu'est-ce que vous attendez pour obéir à votre chef, tonna-t-il furieux.

Les deux gardes ne demandèrent pas leur reste pour filer à la recherche de l'objet adéquat et exécuter les ordres, parce que Sinn pouvait très bien les faire enfermer eux aussi, s'il les jugeait trop lents.