Des malheurs à des bonheurs

Chapitre dix

Macéo

J'arrive chez moi, pose mon sac dans l'entrée et je me déchausse. Je vois ma mère cuisiner et ma grande sœur, Anna, faire ses leçons sur la table de la cuisine.

<< Salut, lançais-je.

- Salut, petit frère, dit ma sœur ne quittant pas son cahier des yeux.

- Comment a été ta journée?, demande ma mère.

- Bien et toi?, dis-je.

- Super!, dit-elle avec un sourire. >>

Je me dirige dans ma chambre, me couche dans mon lit et sort mon téléphone de ma poche. J'ai quelques messages de mes amis, voulant savoir pourquoi je suis parti si précipitamment.

De Alexandre: Mec, pourquoi es- tu parti?

De Maxime: C'est quoi, cet imprévu?

De Maxime: Qu'est-ce que tu as entendu, dans le couloir, tantôt pour que tu partes?

De moi: J'ai dû rentrer plus tôt, on se voit demain!

Je ne vais pas leur dire la vraie raison, ce n'est pas de leur affaires. En y repensant, je me demande ce qui s'est passé.

Pourquoi est-il toujours seul? Pourquoi se fait-il, je pense, mais c'est sûrement le cas, frapper par certains élèves? Pourquoi ne veut-il rien me dire?

Ok, pour le dernier point, c'est sûr que l'on ne se connait pas, mais je pourrais l'aider. Il m'intrigue...

<< Macéo! Vient manger, crie ma mère. >>

Je descends en bas et m'assois à ma place habituelle, à côté de mon père et de ma mère et en face de ma sœur. Nous mangeons et comme usuellement, ça se passe avec les blagues nulles de notre père et des anecdotes de ma sœur et ma mère, au cégep et du travail.

Propre, habillé de mon caleçon et de mon jogging, je suis couché dans mon lit, les mains derrière la tête. Les images de Shady, accroupi au sol, viennent hanter mon esprit. Putain, ça me fais chiez! Ce petit à l'air de tellement souffrir depuis je ne sais combien de temps, mais personne ne lui vient en aide... Moi, je veux être cette personne à laquelle il peut se confier.

Ce matin, j'arrive motivé à l'école, prêt dans ma quête d'aider Shady. Je me dirige directement vers mon casier pour prendre mes choses d'histoire. Une chance que je commence en histoire, je pourrais voir comment il va! Je me dirige vers cette classe et entre à l'intérieur. Je vois Shady, la tête sur son bras couché sur son bureau, ses écouteurs enfoncés dans les oreilles et son autre bras part sous le bureau. Je m'approche de lui, m'assois à côté, pour avoir plus de facilité dans ma '' mission ''. De toute façon, le prof ne va rien dire comme il n'y a personne assis sur cette chaise.

Je pose mes choses et le regarde. Il a les yeux fermés et un léger sourire trône sur son visage si pâle. Sous ses yeux, d'énormes cernes sont formés et sur sa joue, il y a un pansement, comme je lui avais conseillé hier. Je remarque qu'il porte un léger foulard dans le cou. Je fronce des sourcils, il ne fait pourtant pas si froid dehors... Son bras gauche est positionné sur son ventre en un poing. Je tends ma main vers ses cheveux et les caresse doucement. Il bouge doucement et il finit par ouvrir les yeux. Il me fixe avec incompréhension pendant quelques secondes avant de se rendre compte qu'il dormait, à l'école.

<< Qu'est-ce que tu fais là?, demande t-il en retirant un de ses écouteurs. >>

Je ne peux pas lui dire que je suis là pour l'aider, si?

<< Faut bien que l'on reste ensemble pour faire l'oral, dis-je rapidement.

- Hum, fait-il.

- Tu as demandé à ton père pour cette fin de semaine? demandais-je en le regardant dans les yeux.

- Je n'ai pas eu le temps..., dit Shady en détournant le regard. >>

Je hoche la tête et la cloche sonne. Beaucoup de personnes entrent à ce moment dans la classe et mes amis me regardent bizarrement, mais ne viennent pas me voir. Le cours d'histoire commence.

J'entends de temps en temps Shady gémir de douleur en se tenant le ventre. Je le regarde et je vois qu'il serre les dents. Il est penché vers l'avant et son autre main qui n'est pas placé sur son ventre, tremble légèrement. Alors, comme plus tôt, je pose ma main dans ses cheveux bruns pour les caresser. J'essaye de le calmer comme je peux.

<< Tu ne veux pas rentrer chez toi?, demandais-je.

- Non, c'e-c'est bon, dit-il avec difficulté.

- Tu es sûr?, le questionnais-je inquiet.

- Je te dis que oui, insiste t-il. >>

Je soupire doucement et je continue mes caresses sur sa tête. La cloche sonne enfin et je me lève. J'attends Shady qui ne fait comme s'il n'avait pas mal. Je le suis jusqu'à son casier. Je ne veux pas qu'il se fasse frapper encore une fois.

<< Tu vas me suivre toute la journée?, me demande-t-il.

- Ouais, dis-je. On pourra commencer ce midi pour l'oral.

- Oui, annonce Shady. >>

Nous finissons par se séparer quand la cloche sonne. Je me dirige vers mon cours et je n'arrive pas à me concentrer.

Pourquoi ne veut-il pas rentrer chez lui se reposer? Pourquoi est-ce qu'il a l'air fatigué? Pourquoi a-t-il l'air si affaibli? Pourquoi suis-je si inquiet pour lui, alors que je viens tout juste de le rencontrer?