Chapitre vingt-un

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Macéo

Je suis assis, dehors, dans le calme de la nuit. Je viens de finir de remplacer une employée à l'épicerie et je ne voulais pas rentrer à la maison tout de suite. Je n'arrête pas de penser à Shady... À l'école, il ne me parle plus, il m'évite... Chaque jours, depuis deux semaines, il est de plus en plus fatigué et il ne sourit même plus, ne rit plus. Depuis que l'on ne se parle plus, je ne sais pas, mais je me sens... triste? Ouais, triste... On dirait qu'il me manque quelque chose, cependant avant de rencontrer Shady, je ne ressentais pas ce manque... Je souffle et je mets ma tête entre mes mains.

Après quelques minutes, je me lève pour rentrer chez moi, quand je vois quelqu'un sur la rambarde du pont. Je monte rapidement les marches et je cours vers cette personne. Cette personne lève les bras à la moitié de son corps. Je connais cette personne, non? Shady!?

<< Qu'est-ce que tu fais?, criais-je en m'approchant rapidement de lui. >>

Il se tourne vers moi et je m'arrête dans ma course, comme pour lui dire que je n'avancerais pas.

<< Shady, descend de cette rambarde, dis-je en tendant les bras vers lui.

- Je ne veux plus de cette vie, Macéo!, crie t-il et ce qu'il dit me brise le cœur. Je n'en peux plus... Je suis fatigué de cette vie de marde, tu comprends!?

- Shady!?!, hurlais-je en le voyant tomber par en arrière. >>

Je cours vers la rambarde en retirant mes chaussures et ma veste. Je saute dans l'eau froide, ce qui gèle mes membres, mais je me reprends vite en voyant Shady couler plus profondément. J'arrive à le rattraper et à le ramener à la surface. Je le mets sur le gazon qui est sur le côté de l'eau.

<< Shady!, dis-je en le secouant. >>

Il ne bouge pas... J'appuie sur son torse pour faire sortir l'eau de ses poumons et heureusement, il commence à recracher l'eau. Il ouvre à moitié ses yeux et me regarde.

<< Ma... céo, souffle t-il et il referme ses yeux.

- Shady, reste réveillé!, dis-je en le secouant. >>

Il ne se réveille pas... Je me lève, je le prends dans mes bras et je retourne sur le pont pour ramasser mes choses ainsi que son sac. Je lui mets ma veste pour le réchauffer un minimum et je l'amène chez moi.

Rapidement, j'arrive chez moi, toujours Shady dans les bras. Je me dirige dans ma chambre qui est au deuxième étage comme celles de ma famille, sans faire de bruit, parce que ma famille doit déjà être couchée. Je le couche dans mon lit et je vais chercher des serviettes dans la salle de bain. Je reviens dans ma chambre et je dépose les serviettes près de mon lit. J'en met une sur mes épaules et j'entreprends de déshabiller Shady pour le changer. J'enlève sa veste, la pose sur le sol. Ensuite, j'enlève son chandail et je reste choqué devant son corps. Mon cœur se serre de douleur.

Un corps, rempli d'hématomes et de morsures, est devant moi. Un corps tout frêle et très pâle. Des côtes que l'on voit à chaque expiration.

Un tremblement de Shady me fait sortir de mon observation. Je lui met un de mes chandails et mes mains se dirigent vers son jean. Je commence à peine à défaire sa braguette qu'il se redresse d'un coup et me regarde les yeux écarquillés, reflétant la peur.

<< Qu'est-ce que tu fais?, demande-t-il tremblant. Où suis-je? Qu'est-ce qui se passe? >>

Les larmes menacent de couler sur ses joues.

<< Ne t'inquiète pas, Shady, dis-je. Tu es chez moi. Tu te souviens de ce qui s'est passé? >>

Ses larmes coulent sur ses joues et il se recroqueville sur lui-même. Le voyant comme ça, si triste, si faible...

<< Shady, soufflais-je de tristesse. >>

Je m'approche de lui, enlève ses mains de sur ses yeux et je pose les miennes. Il détourne le regard.

<< Regarde moi, Shady, dis-je calmement.

- Pourquoi?, dit-il en pleurant et en tremblant.

- J'ai eu peur pour toi, dis-je et il tourne ses yeux vers moi. Pendant deux semaines, tu m'évites et quand enfin on se reparle, je te retrouve sur la... la rambarde du pont...

- Tu ne peux pas... Savoir à quelle point j'en ai marre de ma vie, dit-il en pleurant et je caresse ses joues. >>

Mon cœur se brise et mes larmes coulent sur mes joues, sans que je puisse les retenir. Je glisse mes mains derrière sa nuque et je le colle contre mon torse. Je sens ses mains serrer mon t-shirt trempé et nous pleurons.

Nous pleurons quelques minutes, avant que je ne me recule pour le regarder. Nous nous regardons intensément et mon cœur bat la chamade. Mon regard dévie sur ses lèvres et celles-ci se rapprochent.

Des malheurs à des bonheursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant