Trente-huit.
Trente-neuf.
Quarante.
Je compte chaque coup que je reçois, comme si cela pourrait amenuiser la douleur qu'ils me procurent, comme si cela pourrait y changer quelque chose.
Au début, j'ai vraiment tenté de contrecarrer ses attaques, de répliquer même.
Seulement, j'ai vite réalisé l'impossibilité de la chose.
Je suis en position de faiblesse, complètement à leur merci.
Ils peuvent faire ce qu'ils veulent de moi et je ne pourrai pas y échapper.
Je me contente donc d'encaisser, de patienter, de souhaiter que tout cela se termine bientôt.
Parce que je n'ai pas d'autre choix que celui-ci.
Attendre.
Ce n'est toutefois qu'après la cinquante de coups qu'il s'arrête enfin, me laissant pantelant et sanglant, la respiration douloureuse.
Je ne le vois que vaguement s'éloigner vers la porte, étourdis que je suis et vision brouillée m'a-t-il laissée.
Je n'entends que l'assourdissement du bruit que créer les battants lorsqu'ils s'ouvrent et se referment, laissant filtrer un mince filet de lumière à peine perceptible parmi celle dans laquelle je baigne déjà.
Je laisse mes genoux fléchirent, ma tête s'appuyer contre un de mes biceps suant, mes chaines prendre une partie de mon poids.
Je ferme les paupières et soupire, un goût métallique trainant dans ma bouche.
Je ne prends pas la peine de cracher le sang qui s'y trouve, n'en ayant ni la force ni l'envie.
Je l'avale plutôt, grimaçant lorsque le liquide chaud traverse mon œsophage aussi sèche que le désert.
L'envie de dormir me prend, mais une voix grave à l'accent à couper au couteau se fait soudainement entendre, m'en empêchant.
— Noah Prévost, milliardaire et homme puissant. Propriétaire de dizaines et de dizaines de compagnies, toutes diriger d'une main de fer.
Je regarde dans la direction de ce nouveau visiteur, ne pouvant qu'apercevoir le contour de sa silhouette dessinée dans l'ombre.
Je ne m'attendais pas à revoir quelqu'un de sitôt.
Et encore moins à ce que ce quelqu'un me parle.
Je ne l'ai même pas entendu entrer.
Il a dû le faire lorsque l'autre est sortie, j'imagine.
— Enfin, ça, ce n'est que ce qu'ils croient tous, ce que vous montrez au monde entier. Mais savent-ils qui vous êtes réellement ? Ce que votre famille cache ?
Je fronce des sourcils, ne comprenant pas comment cet inconnu peut se permettre d'insinuer de telles choses.
M'accuse-t-il de jouer un double jeu ?
D'avoir une famille qui n'est en fait que fourberie ?
Toutes dynasties ou ascendances comme la mienne entrainent inexorablement une absence de vie privée.
Ce ne peut donc être que comprenable que l'on souhaite parfois jouer certaines cartes pour conserver un minimum d'intimité à notre quotidien.
Ce n'est pas toujours facile d'avoir sa vie exposée ainsi, que le moindre de ses faits et gestes soient disponibles à de tous.
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Secret d'État 2 (En pause)
RomanceC'est l'heure. Ma fin est proche, peut-être même plus que je ne le crois. Mais je sais toutefois qu'il ne me laissera pas le privilège de mourir sans séquelle. Il veut me détruire, m'anéantir. Au même titre de ce que ma famille lui a fait, de...