Chapitre 37 : Saule pleureur (Ana)

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Lorsque je me réveille, je m'attends à ce que la première chose que je vois soit mon frère.

Seulement, ce n'est pas le cas.

Mes paupières papillonnent avant que mes yeux ne s'ouvrent brusquement, ne reconnaissant pas le décor.

Je tente de me redresser, mais des bras qui m'entourent m'en empêche.

Un poids se fait également sentir sur chacune de mes épaules, alors que je me sens commencer à paniquer.

Je tourne lentement mon visage vers la droite en prenant de grandes inspirations, mes prunelles tombant aussitôt sur une chevelure noire.

Mon cœur rate un battement, reconnaissant parfaitement cette petite tête familière.

Je regarde ensuite vers la gauche, découvrant une tignasse blonde tirant sur le brun.

Je sens mes yeux s'emplirent de larmes, alors que je ne peux réprimer un sourire, émotive.

Ils sont là.

Lucia et Antonio sont là.

Une douleur aigüe dans mon estomac me fait me tortiller, un gémissement de douleur m'échappant.

Ce n'est qu'à ce moment qu'ils se réveillent, surpris et tout échevelés.

Je retiens un rire en les voyant se fixer avec dégoût, répulsés d'avoir dormi dans le même lit.

Ils posent ensuite leur regard sur moi, leur expression changeant du tout au tout.

Lucia me prend doucement dans ses bras, hésitante quant à la manière de m'aborder.

Les larmes que je contenais encore il y a peu roulent désormais sur mes joues, silencieuses et preuves liquide de ma joie face à nos retrouvailles.

Sale égoïste ! s'exclame soudainement notre ami, me faisant grimacer. Arrête de faire ton intéressante et pousse-toi. Elle n'est pas qu'à toi.

Je la sers à mon tour contre moi sans me soucier de ses jérémiades, éprouvant un mal de chien à le faire.

J'essaie néanmoins de lui transmettre tout le bonheur que j'éprouve à la retrouver, le bien que cela me procure de la revoir et de lui démontrer combien elle m'a manqué.

Je me permets de pleurer un peu contre son épaule, de profiter de sa présence, de son étreinte.

Ça faisait si longtemps.

Je respire son parfum et remarque immédiatement que ce n'est plus le même que j'avais l'habitude d'inhaler.

Celui-ci est plus saisissant, moins doux qu'il ne l'était autrefois, davantage sensuel.

Un hoquet offusqué se fait entendre dans mon dos, me faisant immédiatement sourire.

Anastasia Russo ! Ne me dis pas sincèrement qu'elle est ta préférée !

Je me contente de glousser avant de me détacher lentement de ma meilleure amie, constatant par le fait même qu'elle pleure également.

Antonio ne s'en soucie cependant pas le moins du monde, m'arrachant des derniers liens qu'elle pouvait encore entretenir avec moi.

Il me sert fort dans ses bras en veillant toutefois à rester délicat, me donnant presqu'envie de soupirer.

J'ai le pressentiment que c'est ainsi que tout le monde se comportera avec moi.

Mon frère l'a fait, mes meilleurs amis le font, qui sera le prochain ?

Je suis parfaitement consciente qu'ils ne pensent pas à mal, qu'ils s'imaginent même faire exactement ce qu'il faut, mais ce n'est pas ce que je veux.

Secret d'État 2 (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant