Chapitre 47 : Monstre protecteur

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Je sens mille et une émotions me traverser en même temps, vives et étourdissantes.

Il vient de me dire « je t'aime ».

Il me l'a enfin dit, putain.

Il s'approche lentement de moi, alors que j'essuie d'une main tremblante mes larmes, son visage m'apparaissant avec un peu plus de netteté.

Et ce que j'y vois, ça me coupe le souffle.

On dirait qu'il est sur le point de pleurer.

Sauf que je ne l'ai jamais vu pleurer, excepté bien évidemment au moment de la mort de ma mère.

Là, il était inarrêtable.

Il n'avait plus aucun filtre.

Sache que toi et ton frère êtes ce qui compte le plus pour moi. Depuis la mort de votre mère...

Il s'arrête, baisse le regard pour fixer ses chaussures, ayant visiblement de la difficulté à continuer.

À lui aussi, elle lui fait encore du mal.

Il relève soudainement la tête en se raclant la gorge, ses yeux rougis et plein d'eau m'atteignant en plein cœur.

Vous êtes tout ce qu'il me reste, Ana. Sans vous, cet empire que je me suis forgé n'a plus aucun sens, ma vie n'en a plus. J'ai déjà perdu votre mère, je ne supporterai pas de vous perdre également.

De nouvelles larmes affluent sans que je ne puisse les retenir, ses mots que j'ai depuis si longtemps voulu entendre détruisant toutes mes barrières.

Mais ce qui me touche le plus, c'est la sincérité et la vulnérabilité avec laquelle il me le confie.

Parce qu'il n'est jamais comme ça.

Il ne fait pas dans les sentiments.

Pour lui, c'est une faiblesse.

Et, bien qu'il ait réussi à m'attendrir le temps d'une seconde, ma carapace se remet presqu'aussitôt.

Car ce n'est pas suffisant pour que j'accepte de faire la paix avec lui.

Il va me falloir plus.

Bien plus.

Alors pourquoi tu as fait tout ça, papa ? murmurais-je, ma voix ne s'élevant pas plus haut qu'un murmure.

On se dévisage en silence, tous deux partagés entre tristesse et regrets.

Ça ne nous arrive jamais ce genre de choses, être émotifs.

Et pour être tout à fait honnête, je n'aurais pas cru qu'une telle situation se produise un jour.

Sa mâchoire se contracte, ses épaules se tendent, il a compris le sens de ma question.

Je n'ai fait que te protéger, Anastasia, dit-il entre ses dents serrées. J'ai mis en œuvre ce qu'il me semblait nécessaire sur le moment pour assurer ta sécurité.

J'éclate de rire, c'est plus fort que moi.

En m'enfermant ? Me privant de mes amis ? rétorquais-je, sarcastique.

Il prend une profonde inspiration et clos brièvement les paupières, comme pour se donner du courage avant d'avoir cette conversation avec moi.

Parce que oui, il est enfin temps qu'elle se fasse.

Je crois que j'ai suffisamment attendu comme ça.

Notre monde est dangereux, Ana. Et toi, tu es la cible parfaite pour nos ennemis. S'il avait fallu qu'il t'arrive quelque chose parce que j'ai manqué de vigilance, je ne me le serais jamais pardonné.

Secret d'État 2 (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant