Je n'ose pas bouger, pas même d'un millimètre.
Je force ma respiration à continuer de se faire régulière, à poursuivre le rôle de blessée endormie que l'intru crois que je suis.
Mieux vaut qu'il me pense faible et vulnérable, plutôt qu'attentive et sur le qui-vive.
Je le sens s'approcher du lit, dos à moi, et s'y arrêter.
Seulement une moitié matelas nous sépare, désormais.
J'entends sa respiration à proximité, le son que fait ses doigts lorsqu'ils triturent le coin d'une couverture, le bruissement de ses vêtements lorsqu'il bouge.
— Tu sais, je t'ai toujours envié, Anastasia, commence dans un murmure une voix que je reconnais aussitôt. Tu as eu l'amour et l'attention de mon frère sans ne lui avoir jamais rien demandé. Il te l'a donné sur un plateau d'argent, alors que moi je devais faire des pieds et des mains seulement pour qu'il m'accorde un bref regard.
Rina Nukamura.
— Il donnerait sa vie pour toi, me sacrifierait si cela avait une chance de te sauver d'un quelconque danger... J'ai fait part de mes craintes à nos parents, un jour. Je leur ai dit que je croyais qu'il était atteint d'une sorte de dériver de l'amour obsessionnel ou quelque chose dans le genre. Ils ne m'ont jamais écouté. Au lieu de quoi, ils me disaient que j'étais jalouse de lui et que je cherchais seulement à faire capoter leur plan.
Un profond soupir lui échappe, me laissant entrevoir dans celui-ci toute sa douleur et sa lassitude.
— J'ai essayé de lui en parler directement. Plusieurs fois même. Mais ça n'a jamais rien donné. Il se contentait plutôt de me crier à la figure que ce n'est pas parce que je te jalousais et te détestais que je pouvais me permettre de dire de tels propos. Il ajoutait bien souvent que je n'étais qu'une gamine fastidieuse en manque d'attention. Et peut-être avait-il raison, sauf que tout ce que j'ai toujours souhaité au fond, c'est son bonheur et son amour.
Un silence s'installe, mon cerveau cumule les questions.
Raiden est-il aussi dérangé qu'elle le prétend ?
Étonnamment, je n'ai aucune difficulté à la croire.
Et ce plan qu'elle a mentionné tout à l'heure, à quoi faisait-elle référence ?
— Au début, la première fois que je t'ai rencontré, je t'avoue que tu m'as fasciné. Tu avais seulement deux ans de plus âgé que moi et je te voyais circuler dans mon manoir comme si tu étais chez toi. Tête haute, dos droit, entourée de dizaines de gardes du corps qui t'obéissaient aux doigts et à l'œil... Ça m'a fait rêver.
Ce qu'elle ne sait pas, c'est que tout n'était que façade.
Ce jour-là, j'étais morte de trouille.
— Tu respirais l'élégance et le pouvoir, alors que ta présence forçait le respect malgré ton jeune âge. Tu avais une beauté qui faisait tourner les têtes et une maitrise de toi-même impressionnante. Tu étais tellement parfaite... et j'imagine que tu l'es encore aujourd'hui.
Parfaite ?
Comment puis-je l'être en ayant fait tuer ma mère ?
— Tout juste avant que tu n'arrives, mon père a fait faire une recherche sur toi. Il a découvert que tu faisais de la boxe avec ton frère et qu'il t'entrainait. Mais il ne t'a pris au sérieux que lorsqu'il a vu l'identité des personnes que tu as tué. Pour la plupart, il s'agissait de ceux qui étaient responsables de ton tout premier kidnapping. Mais les autres... il y eu un ministre, un gouverneur, une célébrité... Il a aussi découvert que tu avais manipulé plusieurs personnes importantes au sein du gouvernement afin de veiller à ce que les intérêts de ton clan soient respectés... Et tout ça, avant tes 16 ans. Ça l'a impressionné, mais également angoissé. Il ne savait pas trop à qui il avait affaire et ça l'effrayait.
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Secret d'État 2 (En pause)
RomanceC'est l'heure. Ma fin est proche, peut-être même plus que je ne le crois. Mais je sais toutefois qu'il ne me laissera pas le privilège de mourir sans séquelle. Il veut me détruire, m'anéantir. Au même titre de ce que ma famille lui a fait, de...