Chapitre 48 : Petite victoire

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J'ai froid.

Il fait sombre, là où je suis.

Absolument rien ne m'est visible à moins de quelques centimètres de mon visage, tout est plongé dans le noir.

Je pivote sur moi-même, les sourcils froncés d'interrogation.

Qu'est-ce qu'il se passe ?

Dans quel endroit ai-je donc atterri ?

Pourquoi tout est si obscure ?

Je ne comprends pas...

Et puis, mes yeux se posent enfin sur quelque chose, ou plutôt quelqu'un, stoppant net mon corps dans son mouvement.

Mon pouls s'accélère et ma gorge s'assèche, alors que mes prunelles croisent les siennes.

On se défie longuement du regard, aucune de nous deux ne voulant céder.

Je le fais néanmoins la première, incapable de le soutenir plus longtemps.

C'est au-dessus de mes forces.

J'en profite donc pour laisser mes iris se balader sur ses traits, sur son corps, pour m'assurer qu'elle va bien.

Je sens son attention peser lourdement sur ma personne, acérée et attentive, alors que la mienne se bloque au niveau de sa poitrine.

Aucune tache de sang.

Un petit souffle de soulagement m'échappe, un poids dont je n'avais pas conscience se retirant de mes épaules.

Je tente de m'avancer vers elle, mais mes pieds refusent de bouger.

C'est comme s'ils étaient coincés dans du béton.

Un petit sourire nait à la commissure de ses lèvres en constatant mon incapacité à me déplacer, me donnant l'impression qu'elle se moque de moi.

Et c'est probablement le cas, c'est ce qu'elle fait toujours.

Elle commence lentement à se diriger vers ma position, la démarche gracieuse et légère.

On dirait qu'elle me nargue, qu'elle me prouve que je ne suis qu'une prisonnière dans son enfer.

Et putain, ça fait mal.

Ça fait mal, disordine.

Je regarde ma mère approcher en silence, attend qu'elle ouvre la bouche la première.

Ça ne devrait pas tarder, de toute façon.

Elle n'est pas du genre patiente lorsqu'il faut me cracher son venin au visage.

Elle tourne lentement autour de ma personne, me scannant de son regard méprisant.

Je tente de conserver la tête haute, de demeurer indifférente à sa haine, mais c'est difficile.

J'ai l'impression d'être une bête de foire, un objet d'aversion constant.

Regarde-toi. Tu ne peux même pas t'imaginer à quel point tu nous déçois, éructe-t-elle soudainement, me faisant légèrement tressaillir.

Elle revient dans mon champ de vision et se poste devant moi, ses bras se croisant sur sa poitrine.

Un sourire mesquin anime ses lèvres, alors que ses traits se tordent sous son amusement et sa haine.

Regarde-moi. J'espère que tu as honte de ce que tu m'as fait.

Mon regard se baissa machinalement sur l'endroit où son cœur devrait se trouver, un cercle difforme de couleur écarlate avec un petit trou au milieu ayant pris place sur son chemisier blanc.

Secret d'État 2 (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant