Je fixe la strie rougeâtre qu'il a laissé derrière lui, désormais complètement molle entre les bras de celui qui me tient.
Je ne fais pas attention à tout le sang qui me macule, ni à la trop grosse flaque écarlate qui persiste à vouloir me rappeler ce qu'il vient de se passer et encore moins à tous ces regards qui pèsent sur ma personne.
Tout ce que je voudrais, c'est effacé la dernière demi-heure.
Je voudrais pouvoir remonter le temps et savoir me contrôler.
Je voudrais ne jamais avoir tenter de sauter sur Noah et que son putain de garde ait conserver son fling dans son pantalon.
Mais par-dessus tout, j'aurais voulu que Félix ne joue pas au héros avec moi et me laisse prendre cette balle.
Parce que je la mérite, pas lui.
Une larme coule silencieusement le long de ma joue tâchée de sang, avant que je ne l'efface brusquement de mon visage et que je ne me détache de l'emprise que l'on exerce sur moi.
Je me retourne pour dévisager celui qui me soutenait, ne remarquant qu'alors de qui il s'agit.
Olivier Joubert.
Nos iris se rencontrent, les siens remplient de tristesse et de pitié me donnant la nausée.
Je déteste que l'on ait pitié de moi.
Des larmes coulent sur ses traits sans qu'il ne prononce un mot, ses prunelles me fixant d'un air étrange.
Et je n'ai besoin d'aucune explication pour comprendre ce qui a changé dans son regard, sa façon de me percevoir.
Je savais que cela allait arriver un jour où l'autre, même si j'ai tout fait pour repousser ce moment, même si j'aurais préféré ne jamais avoir à le vivre et même si j'ai imaginé cette scène une bonne centaine de fois.
Parce que je sais que ça va être dure, peut-être même insupportable.
Mais je dois me montrer forte.
Je ne peux pas craquer maintenant.
J'affronte donc son regard, sans ciller.
Je le laisse m'examiner sans rien dire, contempler la fille qu'il croyait avoir et connaitre sans rien faire.
Il conserve le silence, mais je le sais.
Je le sens.
Je l'ai blessé.
Profondément et gravement blessé.
On se connait depuis si longtemps et je ne lui ai pourtant jamais rien dit, ni à lui, ni à sa femme.
Je n'ai eu le courage de leur avouer ma véritable identité à aucun moment.
Je pourrais dire que c'est parce que je voulais les protéger ou que je voulais m'assurer qu'il n'y ait aucune fuite, mais je saurais que c'est faux.
Car j'avais peur.
Peur de les perdre.
Peur qu'ils ne voient plus qui je suis réellement et seulement mes actes passés.
Mais surtout, peur de les répugner.
Parce que ça, je ne le supporterai pas.
Pas aujourd'hui.
Pas après la mort de Félix.
Je ne pourrais résister plus longtemps à la tentation de flancher si je me devais de les perdre tous les deux.
VOUS LISEZ
Secret d'État 2 (En pause)
RomanceC'est l'heure. Ma fin est proche, peut-être même plus que je ne le crois. Mais je sais toutefois qu'il ne me laissera pas le privilège de mourir sans séquelle. Il veut me détruire, m'anéantir. Au même titre de ce que ma famille lui a fait, de...