Chapitre 45 : Retrouvaille difficile

22 2 0
                                    

On se dévisage, longuement, une boule se formant dans ma gorge.

Car le simple fait de le revoir, là, tout juste en face de ma personne, me donne envie de fondre en larme.

Puttana, mon père...

Mon père est devant moi et seulement quelques misérables mètres nous séparent.

Je tente de conserver le calme qu'impose mon expression, mais c'est difficile.

J'ai envie de prendre mes jambes à mon cou, de le frapper pour tout ce qu'il m'a fait, de le serrer dans mes bras jusqu'à ne plus jamais le lâcher.

Cela fait si longtemps que nous ne nous sommes pas vus... depuis la veille de mes 18 ans.

Alessio dit qu'il ne m'en veut pas d'être partie sans dire un mot, sauf que je ne le crois pas.

Ou plutôt, je ne le crois plus, maintenant que je l'ai sous les yeux.

J'attends le moment où il réagira enfin à ma présence, appréhende celui où il ouvrira la bouche.

Me reniera-t-il comme dans mes cauchemars ?

Me rappellera-t-il que je ne suis qu'une déception pour cette famille ?

Mais par-dessus tout, je me demande s'il ordonnera ma mise à mort tel qu'il l'a fait dans le tout premier rêve auquel il m'est apparu.

Un rêve d'une cruauté que je ne pourrais jamais oublier.

Il abaisse lentement sa main sans me lâcher du regard et met fin à l'appel.

Je serais prête à parier qu'il a raccroché au nez de son interlocuteur.

C'est ce qu'il fait toujours, ou presque.

Il entrouvre les lèvres avant de les refermer, semblant hésitant.

Hésitant ?

Cela serait bien la première fois.

Tu aurais perdu ta langue, papa ? le provoquais-je avec une malice que je peine à simuler. Ou serais-tu donc incapable de dire bonjour à ta très chère fille ? Ne t'inquiète pas, je vais t'épargner d'avoir à le faire. Je m'en vais. Ce n'est pas toi que je cherchais, de toute façon.

Je tourne sans attendre les talons, pressée de fuir sa personne.

C'est Noah que je veux voir, pas lui.

Tout le monde sauf lui.

Parce que je le sais.

Je le sens.

Je vais craquer si je reste trop longtemps en sa compagnie.

Attends. Anastasia !

Je m'arrête net dans ma lancée, mes paupières se fermant d'elles-mêmes.

Sa voix...

Je n'aurais jamais cru que cela me déstabiliserait autant de la réentendre.

C'est toujours la même, à une exception près.

Elle n'est pas arrogante et sérieuse comme celle que j'avais l'habitude d'écouter, encore moins impassible.

Non, dans celle-ci, il est facile d'y distinguer une certaine urgence ainsi qu'une supplique.

Mais je dois halluciner.

Angelo Russo ne supplie personne.

J'hésite un instant à me laisser séduire par l'idée de poursuivre ma route comme si de rien n'était, mais je finis pas lui céder.

Secret d'État 2 (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant