Chapitre 36 : Retour au pays (Alessio)

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Ma sœur.

J'ai enfin ma sœur auprès de moi.

Ce constat tourne en boucle dans mon esprit depuis plusieurs heures déjà, intraitable.

J'ai cru ne plus la revoir, tellement de fois.

Cette perspective m'effrayait.

Non, elle me terrorisait.

Mais le plus dur dans tout ça, c'est qu'elle ne m'a même pas laissé le temps de lui dire aurevoir.

Elle n'a accordé ce privilège à personne.

Elle s'est contentée de filer dans la nuit, sans faire le moindre bruit, sans donner la moindre explication.

Pas qu'elle ait eu besoin d'en fournir, cela dit.

On a tous compris pourquoi.

Seulement, je crois que je n'ai jamais vraiment réaliser l'ampleur de sa souffrance.

Néanmoins, quand je l'ai entendu hurler à plein poumon après quel fottuto figlio di puttana* de Nukamura, j'ai compris.

Les paroles qu'elle lui a craché au visage, elles venaient du plus profond de son cœur, de son âme même.

Je ne crois pas avoir manqué grand-chose de leur échange, étant arrivé assez rapidement sur les lieux.

J'étais déjà presqu'à destination, lorsque leurs cris ont commencé à se faire entendre.

Elle hurlait.

Et il lui répondait sur le même ton.

Ou inversement, je ne saurais dire exactement.

Les mots de ma sœur me hantent encore, ancrés dans mon crâne à l'aide d'un feutre indélébile.

Ils refusent de s'effacer de ma mémoire, preuves d'une douleur que je n'ai jamais réussi à capter à sa juste valeur.

Peut-être que si j'avais pu la comprendre plutôt, j'aurais pu l'aider.

Peut-être que j'aurais pu la garder près de moi et la protéger d'elle-même ou de toutes menaces qui oseraient se présenter sur son chemin.

Peut-être que si j'avais insisté davantage auprès de notre père pour qu'il la laisse tranquille, nous n'en serions pas là aujourd'hui.

Je pourrais accumuler les « peut-être » pendant des heures encore, mais ça ne changerait rien à notre situation actuelle.

Ça ne changerait rien à sa situation.

Endormie dans cette chambre, seule, blessée, sans personne présente à ses côtés si elle se réveille et à besoin de réconfort...

Je dois aller la voir, m'assurer qu'elle va bien et que son état est stable.

Elle n'est pas en danger, je le sais, sauf qu'une part de moi se répugne à l'abandonner.

Encore une fois.

Je me lève de mon siège sans faire attention à ceux qui m'entourent, n'ayant qu'une hâte : retrouver ma sœur.

Je passe devant mes amis, remarquant à peine que Kurt m'adresse la parole.

Tu retournes la voir ? me demande-t-il, nullement surpris.

Il sait combien elle m'a manqué, comment j'avais peur de ne jamais la revoir et tout ce qu'elle représente pour moi.

Il sait tout ça et le respecte, de la même manière que moi je respecte son attachement envers elle.

Secret d'État 2 (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant