Chapitee 38 : Pas sa faute

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Assise sur la banquette de ma chambre, je fixe le paysage de Sicile.

La mer est calme, par l'au-delà.

Sombre, mais paisible dans la nuit.

Une fine bordure pâle m'est tout juste perceptible depuis mon perchoir et me fait drôlement envie.

Ça fait des années que je ne me suis pas prélassée sur une plage ou que j'ai tout simplement pu glisser mes orteils dans le sable, ça me manque.

J'ouvre lentement la fenêtre, laisse la brise fraîche s'infiltrer dans la pièce.

Je prends une grande inspiration, purifie l'air de mes poumons, profite de cette pureté agréable.

J'appuie ma tête sur le mur derrière moi et ferme les yeux en soupirant.

Le son des vagues me parvient aisément dans le silence des ténèbres, mélodie agréable après tous les vacarmes que j'ai dû entendre dernièrement.

Je jette un coup d'œil en contrebas, observe la terrasse déserte et fortement éclairée de la villa.

Je regarde ensuite l'heure sur le cadran par curiosité, celui-ci indiquant 22h 57.

Tout s'éteindra dans trois petites minutes.

Mon ventre se met soudainement à gargouiller, réclame d'être nourris.

Je ne suis pas allée souper, tout à l'heure.

J'ai dit que j'étais épuisée et que je préférais rester couchée.

Ce qui n'était pas tout à fait faux, au final.

J'ai dormi pendant plusieurs heures et ne me suis réveillée que tout récemment.

Je sais que j'aurais dû y aller et manger avec tout le monde, mais... j'avais peur.

Et j'ai encore peur.

J'appréhende le moment où je reverrais mon père, ce qu'il me dira, comment il se comportera avec moi.

J'ai peur que mes rêves se concrétisent, malgré le fait qu'il ait voulu me sauver des Black Dragon.

Peut-être l'a-t-il fait seulement pour mieux me détruire ?

Non.

Je dois me raisonner.

C'est mon père.

Il ne ferait pas ça.

Je me lève sans motivation aucune de la banquette, priant pour que tout le monde soit parti se coucher.

Je n'ai envie de voir personne et encore moins de devoir faire la conversation ou de m'atteler à de nouvelles retrouvailles.

J'ai faim, je suis fatiguée et je souffre encore un peu malgré la tonne de médicaments que l'on m'a fait avaler.

Autrement dit, je ne suis pas d'humeur pour quoi que ce soit.

Je descends à pas de loup au rez-de-chaussée, progressant seulement par mes souvenirs des lieux et la faible lumière qui provient de l'extérieur.

Je me dirige rapidement en direction de la cuisine et ouvre la porte du réfrigérateur, regardant brièvement ce qu'il contient avant d'empoigner des restes de pizza.

Ça devrait suffire, même si ça ne m'est probablement pas recommandée.

Je m'assois à un des tabourets de l'îlot et commence lentement à manger, petite bouchée après petite bouchée.

On m'a dit que je devais laisser le temps à mon estomac de se remettre et le réhabituer à contenir de la nourriture avant de pouvoir ingurgiter un repas entier.

Secret d'État 2 (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant