Chapitre 39 : Mort surprenante (Noah)

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La première fois que j'ai vu Angelo Russo en chair et en os, je n'ai pu faire autrement que de m'avouer sa prestance.

Il suffisait à cet homme d'entrer dans une pièce pour qu'elle devienne lourde de sa présence et qu'il pose un regard sur vous pour vous déstabiliser.

Exactement comme moi sur le commun des mortels, ceux qui n'ont rien à voir avec la mafia.

Je suis le Roi de ce royaume et il est le Roi de celui-ci.

Je l'observe, alors qu'il pénètre lentement dans la cuisine, sa démarche assurée mouvant gracieusement chacun de ses pas.

Davantage de stries grises marquent sa chevelure que lorsque je l'ai vu en photo, alors que sa barbe est rasée de près.

Des cernes couvrent le bas de ses yeux sans pour autant parvenir à amoindrir la dureté de ses iris, une expression fatiguée emplissant ses traits.

Il n'est certes pas très grand, mais il n'a pas besoin de l'être pour paraitre imposant.

Il s'assoit en bout de table, son fils étant déjà positionné à sa droite, et se voit rapidement servir son déjeuner.

Il commence progressivement à manger, le regard fixé droit devant lui et la posture rigide.

Il mastique un moment en silence avant de finalement le rompre, la voix rauque.

Comment va-t-elle ?

Son fils soupir et s'adosse à sa chaise, passe une main dans sa chevelure sombre.

Je comptais justement lui rendre visite après avoir mangé. Je n'ai pas encore eu le temps de le faire depuis que nous sommes arrivés, dit-il d'un ton agacé, comme irrité par ce fait. Mais de ce qu'on m'a dit, les anti-douleurs font leurs effets et elle dort beaucoup.

Angelo hoche sèchement la tête, coupe un morceau de son repas.

Est-elle réveillée ?

Alessio se gratte la nuque, semblant mal à l'aise.

Il se racle la gorge et dépose son ustensile dans son assiette, plongeant son regard dans celui de son père.

On dirait son jumeau en format plus vieux.

Leur niveau de ressemblance, autant physique que dans leur manière de se mouvoir ou dans leurs expressions, est incroyable.

Papa...

Écoute, l'interrompt-il d'un geste de la main, je sais bien qu'elle doit se remettre, qu'elle a vécu beaucoup de choses en peu de temps et qu'elle me déteste très probablement, mais je veux la voir. Éveillée et non endormie dans tes bras, cette fois-ci. C'est ma fille, c'est dans mes droits.

Son fils ne dit rien pendant un moment, pince les lèvres.

Il a l'air de vouloir rétorquer quelque chose, mais je le vois ravaler ses mots, forcer un sourire.

Je vais voir ce que je peux faire.

Le chef de la mafia le gratifie d'un signe de tête et se laisse choir contre le dossier de sa chaise, passant avec agacement ses mains son visage.

Dès que je me serai assurée qu'elle va bien, j'irai tuer quel fottuto figlio di puttana moi-même pour avoir osé lui faire du mal, soupire-t-il, un brin de sa fureur transparaissant dans sa voix.

Justement, à ce sujet..., commence l'aîné Russo, se tortillant de malaise sur son siège.

Angelo hausse un sourcil en le détaillant, figé dans son mouvement.

Secret d'État 2 (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant