Chapitre 18 : Labyrinthe (Ana)

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Je ne gère rien du tout.

Je ne sais pas je vais, ni qu'est-ce que je fous ici et encore moins ce qui se trame dans ce putain d'endroit.

Mais je ne m'arrête pas pour autant, parce que cela reviendrait à nous tuer.

Alors, j'avance.

Je continue.

Je ne m'arrête pas.

Un mauvais pressentiment me tenaille les entrailles depuis un moment déjà, alimentant mon angoisse.

Mon instinct me dit que le danger rode.

Cependant, je ne le vois pas.

J'ai beau chercher, tendre l'oreiller, rester à l'affut, je ne remarque rien.

Il n'y a que le vide autour de nous.

Je regarde les murs qui nous entourent, pensant au nombre d'atrocités qu'ils ont pu voir au cours des années, au nombre de plaintes et de suppliques qu'ils ont dû entendre.

Probablement beaucoup trop pour être comptés.

Mais pas assez pour être oubliés.

Parce qu'un captif ne s'efface pas.

Son souvenir reste à jamais gravé dans notre mémoire, prêt à ressurgir à tout moment pour nous faire culpabiliser du sort que nous lui avons donné.

Ils nous tourmentent de par leur cadavre, ne cessant de nous rappeler le genre de personne que l'on est.

Parce qu'au fond, nous sommes tous les mêmes.

Des monstres.

Et je ne déroge pas à la règle.

Je ne vaux pas mieux qu'eux, au final.

La seule différence entre nous, c'est que moi, j'ai essayé d'arrêter.

J'ai essayé, mais j'ai échoué.

La réalité me rattrape chaque fois que je tente de la fuir, se moquant ouvertement de mon désir de changer.

Seulement, je ne devrais plus en être étonnée.

Ne dit-on pas de toute façon qu'il suffit de chasser le naturel pour qu'il revienne au galop ?

J'en suis l'exemple parfait.

Je continue de blesser ceux qui m'entoure, de leur faire du mal, de tuer.

Même si je n'en ai pas envie.

Je revois dans un flash le corps de l'homme que j'ai abattu, celui-ci gisant sur le sol, son expression de surprise toujours affichée sur ses traits grossiers.

S'est-il désormais complètement vidé de son sang ?

A-t-il longtemps souffert ?

Je ne le saurai probablement jamais et c'est sans doute mieux ainsi.

Je n'aime pas savoir toute la douleur que je cause autour de moi.

Ça me fait plus de tort que de bien, contrairement à d'autres de ma connaissance...

J'arpente minutieusement le couloir dans le silence le plus complet, angoissée et encore shootée par l'adrénaline que m'a provoqué la visite surprise du Black Dragon.

J'ai les nerfs à vifs, l'esprit à cran.

J'entends chaque pas de Noah comme si leur son était décuplé, ne faisant que m'irriter davantage.

Secret d'État 2 (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant