Chapitre 44 : Destin machiavélique

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Assise contre le sol, mon dos appuyé sur le rebord de mon lit, mon regard est perdu dans le vide.

Je ne cesse de ressasser notre conversation depuis des heures, de trouver tout ce que j'aurais pu lui dire au lieu de conserver aussi stupidement le silence.

Parce que oui, c'était stupide.

Le moment parfait pour lui avouer ce que je ressentais c'est offert à moi sur un plateau d'argent et je n'en ai pas tiré profit.

Je me suis contentée de le fixer sans rien dire, de laisser passer ma chance sans rien faire.

Je n'ai même pas tenté quoi que ce soit pour le retenir.

Je lui ai seulement permis de partir, de s'éloigner de moi.

Et je regrette.

Je regrette tellement fort.

J'aurais dû l'empêcher de quitter ma chambre, alors qu'il était encore ignorant de mes sentiments.

J'aurais dû lui dire combien il compte pour moi aussi et lui démontrer qu'il n'était pas naïf de croire en nous.

Mais par-dessus tout, j'aurais dû lui avouer la vérité.

Car ce n'est pas seulement parce que je voulais les protéger que j'ai maintenu mon identité secrète.

C'est également pour la simple et bonne raison que j'avais peur.

Je craignais que leur opinion de ma personne ne change, qu'ils deviennent effrayés par qui j'étais par le passé.

Mais surtout, qu'ils m'abandonnent à cause de cela et répugne celle que j'ai été et suis toujours, malgré moi...

J'ai fait des efforts pour changer.

Je suis allée jusqu'à changer de nom et de pays pour cela.

Mais c'est quelque chose qui est dans mon sang, dans mon ADN.

Et on ne change pas l'ADN.

C'est lui qui nous moule selon ses critères.

Quand bien même je tenterais n'importe quoi, je reviendrai toujours au même point.

Je suis une mafieuse.

La Princesse de L'Oscuro Inafferrabile.

Alors, peut-être est-il temps que j'assume enfin qui je suis.

Je ne serais pas supposée craindre de déplaire à mon entourage.

S'ils m'aiment réellement, alors cela ne devrait pas y changer quelque chose.

Après tout, très peu de différences il y a entre la personne qu'ils ont connue et la véritable Anastasia Russo.

Tout ce qu'ils ignoraient, c'est que j'ai baigné dans le monde de l'illégalité et du complot toute ma vie avant le Canada, que j'étais une tueuse accomplie et une manipulatrice hors pair.

Bien que, sur ce dernier point, je crois qu'ils s'en doutaient légèrement.

Je ne dis pas que j'accepte la vie qu'il m'a été imposée.

Non, ça c'est impossible.

Seulement, j'avoue qu'il est maintenant l'heure pour moi de cesser de me cacher.

J'ai le droit d'être heureuse, moi aussi.

Après les sacrifices qui m'ont été donné de faire pour un peu tout et tout le monde, ne m'est-ce pas légitime ?

Secret d'État 2 (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant