Secret d'État 2 (En pause)

Chapitre 27 : Joli mirage (Noah)

Je les fixe, absolument incapable de détourner mon attention du spectacle qui se déroule devant moi.

Les mains de ce connard sont sur elle, leurs lèvres sont jointes, leur corps beaucoup trop près l'un de l'autre.

Il l'embrasse, et alors que je m'attends à ce qu'elle le repousse et le remette enfin à sa place, elle lui retourne son baiser.

Une impression de chuter de 10 étages s'empare alors de moi, la sensation d'un couteau s'enfonçant dans mon cœur me saisit, transparaissant très probablement sur mon visage.

Parce que je ne comprends pas.

Je ne comprends rien.

Pourquoi lui rendre la pareille ?

Ne le détestait-t-elle pas ?

Pourquoi ça me fait si mal de les voir ensemble ?

Pourquoi se laisse-t-elle si facilement faire lorsqu'il s'agit de lui, mais que lorsque c'est de moi dont il est question, tout semble devenir compliqué ?

Qu'a-t-il que je n'ai pas ?

Mais il suffit que cette interrogation me traverse l'esprit pour que j'aie ma réponse.

Ils ont une histoire et des souvenirs.

Ils ont grandi dans le même monde et ont connu les mêmes malheurs.

Mais surtout, il a déjà eu son cœur et son amour.

Alors que moi, je ne les ai jamais même possédés le temps d'une seconde.

L'ai-je seulement déjà voulu, d'abord ?

Ai-je souhaité être le seul homme sur lequel elle pose ses si envoûtants yeux émeraudes ?

Ai-je rêvé qu'elle me fasse confiance et se confie à moi ?

Ai-je désiré avoir son magnifique petit corps musclé sous le mien ?

Évidemment que j'ai déjà voulu toutes ces choses.

Mais son cœur ?

Son cœur, je ne crois pas.

Car l'amour apporte son lot de problèmes et que je n'ai assurément pas suffisamment de temps pour y faire face.

Encore moins pour devoir gérer une femme.

Ma vie est déjà surchargée, pourquoi m'en ajouterais-je sur les épaules ?

Je reconcentre entièrement mon attention sur les personnes en face de moi, constatant avec malheur qu'ils sont toujours en train de s'embrasser.

Seulement, les mains d'Ana se baladent désormais sur le corps de son ex, de la même manière qu'elle l'avait fait avec moi lors de mon gala de charité.

Il ne fait rien pour cacher le plaisir que cela lui procure, la plaquant toujours un peu plus contre lui et laissant ses doigts sales parcourir ses formes que j'aime tant.

Ma mâchoire se crispent, alors que mes yeux ne peuvent se détacher de ce spectacle, comme hypnotisés.

Il me fait souffrir le martyr, me dégoûte même, mais je ne le lâche pas du regard.

Parce que j'en suis tout simplement incapable.

Une boule se forme dans mon ventre, pesant lourd en son creux.

Cette douleur, elle me donne la nausée et tort mes tripes.

Cette douleur, elle engourdit tous mes sens et me laisse dans un état de stase.