Chapitre 9 : Honneur (Ana)

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Nos yeux sont liés les uns aux autres, comme soudés.

Cependant, je me fais violence pour me détacher de ce contact hypnotisant, ne voulant pas attirer l'attention plus que nécessaire de Raiden sur lui.

Je laisse donc mon regard divaguer sur son torse, mes iris s'y arrêtant, le fixant.

Mais ce ne sont pas ses abdominaux que je regarde, se sont toutes les blessures qui y sont.

Celles qui ont été causées par ma faute, qui ne font qu'agrandir ma culpabilité déjà bien saturée.

Je vois son sang parsemer son corps sans vraiment le voir, ses ecchymoses colorer sa peau sans pour autant les discerner.

Il a de la chance que son tyran ne lui ait rien fait de plus grave.

Ce ne sont pas dans leurs habitudes, il a dû recevoir des ordres.

Si je le sais, c'est parce que j'en ai moi-même été un.

Dans une autre vie.

Une vie que je m'efforce d'abandonner, mais qui refuse de me laisser partir.

Une vie qui me pourchasse, qui me rappelle sans cesse que l'on ne peut pas oublier ce que l'on est, que l'on ne le pourra jamais.

J'y suis reliée par une laisse invisible que je croyais avoir rompu il y a de sa belle lurette, sauf je me suis trompée.

Encore une fois.

Je remonte mes prunelles sur son visage, rencontrant les siennes.

La culpabilité tenaille mes entrailles, forme une boule dans mon ventre.

Parce que je ne peux pas lui faire ça.

Je ne peux pas embarquer un innocent dans toutes mes histoires.

Je ne me le pardonnerai jamais.

Mais surtout, il ne mérite pas ce qui va suivre, ce qu'il devra subir.

Seulement, moi si.

J'ai fait du mal, cautionnée des idées et projets nuisibles pour autrui, torturée des gens, tuée les plus mauvais comme les innocents.

Je ne suis pas une bonne personne.

Je n'ai pas été élevée pour l'être ou en devenir une et je ne le serai jamais.

Je suis plutôt née pour inspirer terreur et soumission, danger et insaisissabilité.

Je suis la fille de mes parents, une arme qu'ils ont façonnée selon leur bon vouloir.

Et je mérite ce qu'il m'arrivera, quoi qu'il en soit.

Mon expression se change lentement en une d'ennuie pour plus de crédibilité, mon visage se tournant vers celui de Raiden.

Crois-tu sincèrement que j'en ai quelque chose à foutre de ce qu'il croit ou pas ?

Il ricane doucement, semblant apprécier ma réponse.

J'ignore le regard pesant que dirige Noah envers ma personne, me devant de jouer mon rôle jusqu'au bout.

Je n'ai pas droit à l'erreur.

Encore moins maintenant.

Doucement, watashi no utsukushī ōjo, tu vas faire mal à son petit cœur, réplique-t-il, amusé.

Je lui lance un regard blasé, dissimulant à tous l'arrêt momentané de mon muscle vital à l'entente de ce surnom.

Je sais qu'il me teste, qu'il tente de me déstabiliser en l'utilisant.

Secret d'État 2 (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant