Secret d'État 2 (En pause)

Chapitre 33 : Larmes partagées

Une première balle part, va se loger dans sa cuisse.

Je le regarde s'écrouler à quatre pattes avec une indifférence nouvelle, un poids s'emblant me quitter.

Ça fait tellement de bien, en fait.

J'aurais dû le faire plutôt.

Je l'observe se mettre lentement à genoux, redressant l'un d'entre eux pour s'y appuyer.

Je jette un coup d'œil au sol déjà teinté d'écarlate, celui-ci ressortant sur le blanc immaculé de la neige.

Il relève la tête pour croiser mon regard, un abattement pur et simple se lisant dans le sien.

— Alors quoi ? Tu vas juste me laisser là et aller rejoindre ta famille ?

Je ne réagis pas devant l'incitation qu'il porte à son dernier mot, me contentant d'hausser une épaule.

— Probablement. C'est toujours mieux que d'être forcée à passer ma vie avec toi, tu ne crois pas ?

Je m'attends à ce qu'il crispe sa mâchoire, serre les poings ou se mette même à me crier après de nouveau, mais il n'en fait rien.

Seule une larme solitaire dévale sa joue, sans qu'il n'esquisse le moindre geste pour l'effacer.

— Pourquoi m'as-tu menti ? demande-t-il, sa voix rauque me parvenant parmi la brise glaciale.

— Je te l'ai déjà dit, je ne pouvais pas te laisser les tuer par ma faute.

Je fronce des sourcils en le regardant, croisant mes bras sur ma poitrine.

Mais ce n'est pas parce que je grelotte.

C'est plutôt parce que j'ai l'impression de devoir me protéger de ce qu'il dira, que ses prochains mots tourneront en boucle dans mon esprit sans que je ne puisse rien faire pour me les enlever de la tête.

Et je déteste ça.

— Non. Pourquoi l'as-tu fait ?

Je le fixe, incertaine de la direction que prend cette conversation.

— Pour eux... ou pour toi ? poursuit-il.

Je décroise les bras, irritée plus qu'il n'en faut par tout ceci.

Je croyais qu'on avait clos le sujet, pour quelle raison le remet-il dans la conversation ?

Avec des options différentes, de surcroit ?

Tout à l'heure, il me parlait d'eux et de Noah.

Et maintenant, c'est eux et moi ?

Je n'y comprends rien.

— De quoi est-ce que tu parles ? lui demandais-je sèchement, accompagnant ma question d'un claquement de langue agacée. Je t'ai déjà expliqué pour quelle raison je t'ai manipulé.

— Non, tu m'as seulement dit celle avec laquelle tu as réussi à te convaincre.

Je prends une grande inspiration pour tenter de conserver mon calme, ne voyant toujours pas ce à quoi il fait allusion.

— Éclaire-moi, Oh Grand Raiden. Parce que je ne te suis toujours pas, m'exclamais-je en levant les bras au ciel, exaspérée.

Un sourire s'immisce sur son visage, alors qu'il se relève lentement, osant un pas boiteux dans ma direction.

— Tu les as sauvés oui, mais seulement pour épargner ta conscience.

Ma bouche s'ouvre, mes yeux s'arrondissent.