Chapitre 46 : Comme son père

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Un silence s'installe brièvement entre nous, froid et rempli de tension.

Tu pensais que je ne m'en rendrais jamais compte, n'est-ce pas ? Que je ne le saurais jamais ? demandais-je sur un ton de reproche ressemblant davantage à une affirmation qu'une question.

Je plante mes iris dans les siens, défiante et provocatrice.

Il soutient mon regard sans ciller, un masque recouvrant désormais ses expressions faciales.

Il n'a plus le courage de me laisser voir ses humeurs.

Il n'est qu'un lâche.

Tu me prends pours qui, sincèrement ? Une idiote ? Je suis ta fille je te signale, crachais-je sèchement. Ton sang coule dans mes veines, il serait préférable que tu ne l'oublies pas.

Un éclat de rire s'échappe soudainement de sa bouche, me mettant en alerte.

Parce que lorsqu'il se met à rire, ce n'est jamais bon signe.

Sur ce point, nous sommes d'accord. Je ne dois pas l'oublier, encore moins te sous-estimé. Ce serait une grave erreur de ma part. Parce que tu l'as dit toi-même, mon sang coule dans tes veines. Et cela fait de toi quelqu'un de redoutable, de manipulateur, mais par-dessus tout, de dangereux.

Il s'avance dans ma direction d'une démarche féline, me faisant lentement déglutir.

Je t'ai faite à mon image, Anastasia. Toi et moi, nous sommes les mêmes.

C'est faux. Je ne suis pas comme toi, affirmais-je en secouant négativement la tête, m'efforçant de rester impassible.

Il hausse un sourcil, un air amusé prenant possession de son visage.

Ah oui ? Alors tu vas me dire que tu n'entends pas cette petite voix dans ta tête ? Celle qui te pousse à tuer tous ceux qui peuvent représenter une potentielle menace pour toi ? Celle qui te fait manipuler chaque personne que tu rencontres seulement pour mieux assouvir tes propres désirs ?

Je ne rétorque rien, alors qu'il s'approche toujours un peu plus de ma position, mon corps étant désormais paralysé sur place.

Totalement et complètement paralysé.

Et cette part sombre au fond de toi, serais-tu en train d'essayer de me convaincre qu'elle n'existe pas ? Que tu ne ressens pas ce sentiment de pouvoir et d'excitation lorsque tu tortures quelqu'un ? Que tu ne prends pas plaisir à dominer tous ceux qui te sont inférieur et à générer un sentiment de terreur chez eux à ta simple mention ?

Il s'arrête en face de moi, nos regards étant toujours liés l'un à l'autre.

Tu aimes avoir l'ascendant sur les autres, Anastasia. Tu en as même besoin. C'est dans ton sang. Cette nécessité que tu ressens à être au-dessus des lois et à tout contrôler, à faire trembler tes ennemis et à être la plus dangereuse, d'où crois-tu qu'elle provienne ?

Non.

Non, je ne suis pas comme lui.

Je ne peux pas être comme lui.

Il est temps que tu te rendes à l'évidence, chère fille. Tu es mon exact portrait. Nous partageons la même soif de pouvoir et les mêmes désirs sanguinaires. Nous avons la même mentalité et le même esprit calculateur. Nous sommes des menteurs et des manipulateurs. Mais par-dessus tout, nous sommes des meurtriers, les fondateurs même de L'Oscuro Inafferrabile. Nul ne peut nous égaler. Et il serait le moment que tu acceptes enfin qui tu es, termine-t-il froidement, ses iris se faisant durs sur ma personne.

Secret d'État 2 (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant