Chapitre 23 : Adieu et larmes (Ana)

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Tout se déroule à la vitesse de l'éclair.

Moi qui me détache d'eux, moi qui m'élance vers lui, moi qui se retrouve plaquer au sol.

Le coup de feu résonne à mes oreilles, mais il ne me fait pas grimacer.

Ça fait longtemps qu'ils ont cessé de le faire.

Je m'attends à atterrir lourdement contre le parquet, à ce qu'un poids lourd me comprime la cage thoracique et me prive de mon souffle.

Mais il n'en est rien.

Il n'y a que ce silence.

Ces bras qui m'entourent avec force.

Ce torse musclé contre lequel je suis écrasée.

Cette chaleur qui m'enveloppe.

Je relève lentement la tête pour voir qui me tient de la sorte, mon regard percutant aussitôt celui brun chocolat de Félix.

Il me sourit faiblement, son habituel air joueur gagnant son visage.

Si j'avais su qu'il fallait que je te sauve d'une balle pour que tu sois étalée sur moi, je l'aurais fait bien plus tôt, me dit-il d'un ton amusé, ses iris prudents fouillant mes traits en quête de haine à son égard.

Je ne dis rien, je ne lui souris pas, je ne lui donne aucune émotion.

Je me contente de m'appuyer sur sa poitrine pour me relever, une grimace prenant immédiatement d'assaut son visage.

Je fronce des sourcils en le constatant et jette un rapide coup d'œil à son corps, me sentant immédiatement pâlir.

Il s'est fait toucher.

La panique me foudroie instantanément, ma respiration se coupe brutalement, mes membres se figent lourdement.

Il s'est fait toucher.

Je sens à peine la dizaine de personnes qui nous entoure, je n'entends plus leur voix qu'en écho lointain, je remarque à peine la main qui touche la mienne.

Il s'est fait toucher.

J'ai l'impression que le temps c'est arrêté, que je suis en train de tomber du haut d'une falaise et que personne ne peut me rattraper.

Parce qu'il s'est fait toucher.

Il s'est putain de fait toucher.

Par ma faute.

Mes yeux fixent cette tâche rouge qui ne cesse de grandir sur son polo de travail, comme hypnotisés.

Pendant ce temps, mes pensées me ramènent neuf ans en arrière, à la nuit de la mort de ma mère.

Lorsque cette même putain de tâche grandissait sur son propre corps, lorsqu'elle mourrait dans mes bras juvéniles, lorsqu'elle laissait sa famille derrière elle.

Une main se pose délicatement sur ma joue, me ramenant brusquement à la réalité et tournant mon visage vers celui de l'homme souffrant à mes côtés.

De l'amusement marque ses traits, de la douleur également.

À cause de moi.

Fais pas cette tête, tu me fais peur, dit-il d'un ton plaisantin.

Je fronce des sourcils, ne parvenant pas à comprendre comment il peut prendre une telle situation à la légère.

À moins que cela ne soit pas aussi grave que je ne le crois... ?

Forcément.

Sinon, il ne continuerait pas à faire des blagues pourries...

N'est-ce pas ?

Secret d'État 2 (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant