Secret d'État 2 (En pause)

Chapitre 51 : Changements d'avis

Une fois à proximité, je m'empare doucement de sa main avec hésitation, craignant qu'il ne me rejette.

Tout à l'heure, j'avais complètement oublié que nous nous étions quittés en mauvais termes.

L'euphorie de ma joie et de ma fierté a pris le dessus et je ne me suis pas contrôlé.

Je voulais seulement qu'il sache que j'avais enfin réussi.

Grâce à lui.

La possibilité qu'il me repousse ne m'était même pas venue à l'esprit.

Mais maintenant que tout est retombé, j'ai peur qu'il le fasse.

Et rares sont les moments à parvenir à me faire ressentir de telles choses.

Moi qui d'habitude n'a pas froid aux yeux, j'appréhende la réaction qu'il aura.

Peut-être est-ce un signe que je me ramollis.

Ou peut-être est-ce parce qu'il est question de Noah, tout simplement...

Nous montons les escaliers en silence, l'attention de mes familles pesant lourd sur nous.

Je le conduis jusqu'à ma chambre dans un état de nervosité encore jamais égalé avant de refermer la porte derrière lui, nécessitant d'intimité pour lui avouer mes sentiments.

La dernière fois que j'ai fait une telle chose, je n'avais pas à m'inquiéter.

Raiden me courrait après depuis des mois.

Seulement, aujourd'hui, les choses sont différentes.

Je ne suis sûre de rien.

Je me tourne vers le milliardaire sans pour autant le regarder, mes prunelles fixant le sol.

Ma bouche s'entrouvre sans qu'aucun mot ne parvienne cependant à s'extraire d'entre mes lèvres et ça me fruste.

Je fronce des sourcils en tentant d'articuler quelque chose et de mettre de l'ordre dans la tempête qui fait rage dans mon crâne, sans succès.

Une soudaine pression contre mes doigts me tire plus près de celui qui fait battre mon cœur à la chamade pendant que sa main libre se pose sous mon menton pour relever ma tête.

Nos yeux se lient aussitôt entre eux, se noient dans la couleur de nos iris.

Je remarque à peine sa main qui monte jusqu'à mon visage pour replacer une mèche de cheveux derrière mon oreille, trop perdue que je suis dans ce bleu glacial que j'aime tant.

— Qu'est-ce qui se passe, Ana ? Tu commences à m'inquiéter...

— Tu... Tu te souviens de ce que tu m'as dit ? Que tu croyais en nous ?

Il fronce les sourcils en inclinant sa tête sur le côté, son regard de glace me rendant étrangement timide.

— Évidement. Mais je ne vois pas-

— Tu n'avais pas tort, le coupais-je précipitamment. J'y croyais aussi, tu sais ? Je m'imaginais que si nous parvenions à survire à toute cette histoire, nous pourrions peut-être... je ne sais pas, tenter notre chance ? demandais-je d'un ton incertain qui me fait grimacer.

J'ai horreur de me montrer aussi vulnérable.

Mais si c'est ce qu'il faut que je fasse pour être enfin avec lui, alors soit.

Je suis prête à mettre mes sentiments complètement à nus devant lui, quitte à ce qu'il me rejette.

— J'aurais dû le comprendre avant. Il y a des semaines de ça, même. Mais j'avais peur, avouais-je. Je refusais de me l'avouer. Ça signifiait beaucoup trop de choses auxquelles je n'étais pas forcément préparée à revivre.