Chapitre 40 : Amour ou haine ?

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Je retiens un mouvement de recul, m'efforce de conserver mon sourire.

« Aimes-tu ma sœur ou tu la détestes ? »

Mais c'est quoi cette question, putain ?

Qu'est-ce qui lui fait dire que je l'aime, d'abord ?

Est-ce que j'ai l'air de l'aimer ?

Je la déteste.

Je la déteste.

Je la déteste.

Mais je ne veux pas la voir souffrir pour autant...

Mais... je la déteste.

Elle m'a menti pendant des semaines.

Son père a tué le mien.

Je.

La.

Déteste.

Vais-je devoir l'écrire au marqueur sur mon front ?

Aurais-tu perdu ta langue ? C'est pourtant une question simple que je viens de te poser, me nargue-t-il.

Je reconcentre mon attention sur ce putain d'Alessio, force un rire, le dévisage comme s'il était un imbécile.

Qui te dit que j'éprouve l'un ou l'autre pour elle ? demandais-je d'un ton blasé et ennuyé.

Il laisse un sourire mauvais gagner ses lèvres, fait un pas vers moi.

Je me laisse brièvement déstabiliser par son expression, l'ayant si souvent distingué sur le visage de sa sœur, mais ne me permet pas de le lui démontrer.

Premier exemple, on s'apprêtait à sortir du jet, la porte de la chambre était ouverte et j'allais nous faire descendre. Tu l'as regardé, et j'ai vu ta douleur de la voir dans cet état, mais également ta haine envers elle.

Je crispe ma mâchoire, alors qu'il darde un regard lourd d'animosité et de supériorité sur ma personne, insistant.

Et comme dans cet avion, ses yeux me rappellent les siens.

Envoûtants et malicieux.

Intelligents et impénétrables.

Tout ce qu'il me laisse entrevoir, c'est sa rancœur.

Son ressentiment à mon égard.

Je fronce alors des sourcils, le sentiment de nécessité quant à me justifier affluant dans mes veines.

J'ai perdu mon frère à cause de la putain de drogue que vous vendez, me contentais-je de dire platement, haussant nonchalamment des épaules.

Je me surprends moi-même de par ma maitrise.

C'est comme si la rage que j'avais lorsque j'ai appris la nouvelle avait rétrogradé.

Ou alors, que je commençais à accepter la réalité qu'il m'était imposée...

Deuxième exemple, poursuit-il en ignorant royalement mon commentaire, il y a quelques minutes seulement, tu reprochais à mon père la manière dont il l'avait traité. Tu la défendais comme si c'est toi qui avais été blessé.

Je trouve simplement honteux qu'une famille soit si peu compréhensive envers l'un de ses membres. Encore plus lorsque le père célèbre le malheur de sa fille. On ne choisit pas ceux qu'on aime. Ça se fait, c'est tout.

Troisième exemple, c'était au gala de charité. Vous avez passé la soirée à vous regarder avec des étoiles dans les yeux, à vous toucher. Tu ne cessais de couvrir sa tempe de baisers. Et puis, vous vous êtes finalement embrassés...

Secret d'État 2 (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant