TOME II : Chapitre 32

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Abibatou Sy

- Tu te sens mieux ?

- T'inquiètes Adja ça va passer

- Ça fait une semaine que tu dis ça Aby, depuis ta dernière chimio je vois bien que tu ne vas pas bien du tout, tu vomis sans cesse, tu perds souvent l'équilibre et tu ne veux pas d'aide...

- Adja, c'est bon ça suffit je te dis que ça va passer loy dégué (t'entends pas) ??

- Je ne te reconnais plus grande sœur, tu aurais dû faire cette chirurgie au moins ça t'aurais empêché d'être aussi désagréable, tu ne t'entends qu'avec tes amis de l'hôpital

- Parce que eux ils me comprennent, ils n'essayent pas de me caresser dans le sens du poil et de toujours me dire ce que j'ai envie d'attendre, je ne suis pas un bébé pour qu'on me dorlote ainsi, démal nga dokh say business nga bayima (vas t'occuper de tes affaires et laisse-moi tranquille) je veux me reposer.

Elle se lève et quitte la salle de bain me laissant tête plongée dans la chaise anglaise pour m'éviter de vomir sur le lit.

Ces temps-ci, je suis très angoissée, le Dr m'avait prévenu c'est la phase où les médicaments ne font plus seulement effet sur le corps mais aussi sur le morale. Je suis encore plus stressée, mon ventre s'arrondit de jour en jour, à ma dernière visite prénatale tout allait bien, le bébé se portait merveilleusement bien et ne réagissait pas mal à la chimio.

Quand je suis angoissée et qu'autrui n'est pas dans l'empathie mais dans la tristesse et la pitié, j'ai tendance à être agressive et c'est ce qui s'est produit avec Adja, avec Malick aussi on s'est chiffonner hier mais comme toujours il fait comme si de rien était dès le lendemain. Ce matin il est allé à discuter à propos d'un bail pour ouvrir une seconde boutique, sans moi puisque je ne me sens pas bien, et rien que ce laps de temps, je me sens extrêmement seule, malgré notre dispute d'hier, je me suis endormie blottie dans ses bras.

Est-ce que j'ai la chance d'avoir un mari comme lui ? Bien sûr évidemment

Est-ce qu'il a la chance d'avoir une femme comme moi ? Je ne pense pas, je suis plus un fardeau qu'autre chose à cet instant.

Je suis à ma 16 semaines de grossesse. Et j'en profite pleinement, même quand j'ai le morale au plus bas c'est souvent ce qui me réconforte, toucher mon ventre et me dire que c'est ce bout de chou qui donne un sens à ma vie.

- toc toc, dit Nabou qui se trouvait sur le pas de ma porte

- Entre Seynabou, tu es revenue du supermarché avec Maman ?

- Oui, regarde ce qu'on a pour toi, dit-elle en me tendant un paquet

- C'est quoi ?

- Des chips de gingembre pour atténuer tes nausées, je sais que c'est ce qui te fatigue le plus

- ahhh merci mon bébé, c'est trop gentil, tu me sauves la vie

- j'ai vu ta sœur bouder en bas dans le salon, mbadou da nga tak si kawam (tu as encore explosé ta colère sur elle)

- ... je ne le fais pas exprès

- Je sais Aby, mais elle ne comprend pas, elle est jeune. Elle ne supporte pas de voir sa grande sœur chérie dans un état pareil, ça l'affecte tu sais

- je sais, dis-je la tête entre les mains, moi non plus je n'aime pas qu'elle me voit comme ça, t'as vu comment elle a maigri, à croire que c'est elle qui est malade à force de se soucier de moi

- Tu devrais prendre le temps de discuter avec elle, de lui expliquer tes états d'âme, je sais que c'est ce qu'elle veut que tu t'ouvres à elle, comme tu l'as toujours fait

50 Nuances D'une VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant