TOME II : Chapitre 37

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Abibatou Sy

Assise sur mon siège au service oncologie de l'hôpital, je recevais ma dernière transfusion, oui aujourd'hui je reçois ma dernière dose de chimiothérapie après 4 mois de traitement.
Je regardais mon groupe d'ami entrain de rire aux éclats et certains en train de déjà siroter leurs boissons alors qu'il venait de terminer leur séance. Aujourd'hui on célébrait la petite fête d'adieu qu'ils m'avaient organisé. A l'entrée de la salle de soins il y avait collé en grand « bon débarras Abibatou en espérant ne plus te revoir ». Ça parait rude mais au contraire c'est très attentionné et originale comme message.
Quand Malick m'a déposé ce matin j'ai explosé de rire en les voyant essayé tant bien que mal d'accrocher les ballons sur mon fauteuil, ils sont tellement attentionnés, durant ces derniers 4 mois, ils m'ont soutenu, ont été ma famille, mes amis, mes confidents pour certains et de très bons conseillés.

Les dernières gouttes de la poche d'antibiotiques antitumoraux passaient dans mes veines alors que je me caressais le ventre qui était désormais très volumineux en fredonnant la mélodie que maman avait l'habitude de chanter en me faisant mes tresses:

« Kouy lale Mademba, sabar yassa ndayane dessekoy lal ndate say, kouy lale sama dome djéé Salam dioyoul wétoo. Sama dome sama sopé doundeu mata dioyoo mom lay dioy ndakh Yallah, fék sa fane wou goudéé, nga am foma fétéé. Limay niane Mademba nga dayni sa bayoo Yallay bour dome doundeul, bo doundé ba magueu liguey feral say rangogno ....»

Je sentis un petit coup de pieds dans mon ventre ce qui me fit sourire, le fait de le sentir bouger dans mon ventre de cette manière m'apaise et me réconforte tellement, la première fois que je l'ai senti bouger Malick était couché sur mon ventre, il avait lâché une petite larme d'émotion et me faisait croire qu'il avait juste une poussière dans l'œil, maaaaiiiis oui comme si je ne le connaissais pas.

-C'est bon !, me dit Daouda me sortant de mes pensées, tu as officiellement terminé

Il m'enleva ma perfusion sous les applaudissements de tout le monde, chacun me félicita et me remercia pour le soutient que je leur avait donné, alors que le vrai soutient ici c'est moi qui l'ai reçu.
Bien que je sois reconnaissante d'avoir eu accès à des médicaments qui ont fait effet, je suis tellement contente de pouvoir mettre cette partie de ma vie derrière moi, je m'en rends à peine compte. Après des mois et des mois, plus d'aller-retours à l'hôpital. Finies les injections de « mort rouge », finies les pompes à perfusion, finies ses longues matinées à s'assoir et avoir sans cesse la nausée et des maux de dos, je suis maintenant une femme heureuse qui sera bientôt maman. Bon reste à voir si je ne serais pas en totale rémission plus tard..., j'ai quand même le droit de garder espoir.

-Tu veux que je prévienne ton mari qu'il vienne te chercher ?, me demande Daouda

-Non, commande-moi juste un taxi, j'ai quelque chose à faire. J'ai assez d'énergie aujourd'hui, mentis-je

Il m'aide à descendre jusqu'au rez-de-chaussée quand mon taxi arriva et je m'engouffre dedans direction Reubeuss. Quand je suis arrivée, le vigile posté à la porte n'arrêtait pas de me lancer des regards, sûrement se dit-il que je venais rendre visite à mon mari. Arrivée au Check-up, je présente mon permis de communiquer au policier et il me conduit dans une pièce où je dépose mes affaires puis nous nous dirigeons ensemble vers la salle de visite. Quelques minutes plus-tard Salif arriva en tenue pénale les mains menottés tout délabré. Quand il releva la tête pour voir qui venait le rendre visite il fut surpris voire apeuré de me voir. Il s'assit en face de moi en gardant la tête baissée.

-Bonjour Salif

- bon...bonjour Abibatou

-comment tu vas ?

50 Nuances D'une VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant