CHAPITRE 3: le majordome

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ELORA

— Tu veux encore un peu d'eau ?

Ian était resté avec moi toute l'après-midi. Je lui ai dit à plusieurs reprises qu'il n'était pas obligé de me surveiller, mais il tenait à rester avec moi au cas où Eyon piquerait encore une crise. Selon lui, sa réaction était surprenante, il était apparemment de nature calme.

Calme, bien sûr.

Il s'était assis par terre, contre la porte de ma chambre, et n'avait pas bougé de là depuis. Pour ma part, je me suis adossée contre le dos de mon lit. Il y avait un fauteuil situé juste en face de mon lit, mais Ian avait préféré la dureté du sol.

— Non merci. C'est la troisième fois que tu remplie cette bouteille d'eau, j'ai assez bu pour le reste de la semaine, répondis-je, un sourire aux lèvres.

Étonnement, j'appréciais Ian plus que les autres. C'était le seul qui se préoccupait de moi et qui faisait en sorte de détendre l'atmosphère quand quelque chose n'allait pas.

Me coupant dans mes pensées, la porte s'ouvre d'un coup, propulsant Ian quelques mètres plus loin.

La tête blonde d'Owen apparaît dans l'encadrement de la porte, souriant. Au vu de son large sourire, il savait très bien qu'Ian se trouvait derrière la porte, et c'est sûrement pour ça qu'il l'avait ouverte si brutalement.

— Enflure ! s'étouffe Ian dans un rire. Et si ça avait été Elora derrière la porte, hein ? Elle serait passée par la fenêtre vu son gabarit, s'exclame-t-il en se frottant le crâne.

Owen me lance un regard complice et je retiens un rire.

— Bon, Elora, comment vas-tu ? J'ai entendu dire qu'Eyon avait fait une petite crise et que tu étais au mauvais endroit au mauvais moment. Tu as besoin de quelque chose ? demande le blond d'une voix remplie de douceur.

Je lui souris gentiment et lui fais comprendre que je n'ai aucune envie d'aborder ce sujet maintenant.

— Maintenant que le blond t'a rejoint, je vais descendre voir ce qu'Eyon a cassé et si Lock est toujours vivant. Si Owen te fais chier, crie, il y a vingt mecs dans cette maison, il y en aura au moins un qui t'entendra, annonce Ian avant de sortir de la pièce.

Owen s'installe à côté de moi et sort son téléphone avant de commencer à pianoter dessus.

— Préviens-moi quand tu auras faim, je demanderai à George de te faire à manger, enfin, s'il est là, dit-il sans lever les yeux de son téléphone.

Je fronce les sourcils et il me regarde finalement après quelques secondes de silence.

— Merde ! J'avais oublié qu'on n'avait pas fait de tour de table à ton arrivée. George c'est le majordome. C'est surtout une commère qui se nourrit de ragot. Un cliché vivant, s'esclaffe-t-il, mais c'est un peu notre père à tous, même s'il ne veut pas l'admettre. Il fait aussi office de psy, je dis ça comme ça.

Je ne réponds pas et me contente de hocher la tête. Un silence s'installe et je finis par entrouvrir la bouche, prête à parler, avant de me rétracter. Il le remarque et lève les yeux vers moi, curieux.

— Pourquoi Ian et toi vous montrez-vous si détachés ?

Je vois à son expression qu'il n'a pas compris ma question.

— Pourquoi êtes-vous les seuls à me parler et à me traiter comme si ma présence ne vous déplaisait pas?

—  Parce qu'elle ne nous déplait pas, justement ?

— J'ai bien vu. Mais je veux dire qu'en dehors de vous deux, tout le reste de la maison me dévisage et un en particulier me traite comme un animal. Vous m'avez kidnappé, vous êtes censé ne pas m'adresser la parole et là, vous me parlez comme si j'étais une amie.

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