CHAPITRE 2: nouveau départ

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ELORA

Les secousses de la voiture me retournaient l'estomac depuis bientôt deux heures. Les yeux bandés et les poignets attachés, j'avais, vraisemblablement, donné la réponse qu'il attendait.

Malgré les liens qui m'empêchaient de bouger, Lock faisait pression sur mon bras comme si l'idée de sauter d'une voiture en marche, les yeux bandés, pouvait me traverser l'esprit. Ian, lui, s'amusait à changer de chaîne de radio toues les cinq minutes tandis qu'Eyon était au volant, silencieux.

Les yeux maintenus fermés additionner à la courte nuit que j'avais passé accentuaient ma fatigue. Je luttais pour rester éveillée, mais les sièges de cette voiture étaient bien plus confortables que la chaise en bois sur laquelle j'avais veillé la nuit dernière.

Après qu'Ian ait décidé de laisser la radio tranquille, il avait proposé de me donner quelques bouts de son sandwich pour que je tienne le coup.

Il a dû entendre mon ventre gargouiller.

J'avais accepté, même si l'idée ne me faire nourrir comme un nourrisson me déplaisait. Avec un ventre vide depuis plus de vingt-quatre heures, je n'allais pas me plaindre.

Je machais les petits bouts qu'Ian me tendait sans réussir à discerner le contenu de son pain. Lock resserre un peu plus sa prise sur mon bras et m'arrache un grognement de douleur. Je tourne la tête vers lui, lui indiquant mon mécontentement. Je ne peux pas le voir, mais ce n'est pas pour autant qu'il peut en jouer.

— Bon Elora, pour les vingt minutes restantes du trajet, je te laisse le choix de la musique, annonce Ian en brisant le silence.

En dessous de mon bandeau, je hausse un sourcil, prête à refuser sa proposition.

— Hors de question, m'interrompt Eyon, je n'ai aucune envie de me faire saigner les oreilles avec du Taylor Swift.

La bouche restée entrouverte, l'idée d'accepter devient tout de suite plus alléchante.

— En fait-

— Elora, tu n'as pas intérêt à l'ouvrir. T'abandonner sur le bord de la route reste une option, me coupe le chauffeur.

J'expire bruyamment, déterminée à montrer ma frustration. Lock, qui n'avait pas dit un mot jusqu'à maintenant, pouffe de rire. Je fronce les sourcils, surprise, et apparemment je ne suis pas la seule.

— Bordel, Lock, ça fait trois heures que t'as pas ouvert la bouche, je commençais à sérieusement m'inquiéter, se moque Ian.

— C'est voir ta gueule chaque matin qui me dissuade de parler Ian, crache celui-ci.

Je réprimande un rire face à une telle violence venant de la part du muet de service. Eyon laisse échapper un rire nasal et je devine qu'Ian n'a pas apprécié le commentaire.

Après quelques secondes, Eyon s'éclaircit la gorge et reprend d'un ton plus sérieux :

— Nous sommes arrivés. Ian, va prévenir les abrutis qui sont à l'intérieur qu'on a une invitée, et qu'ils doivent l'accueillir comme telle.

La boule qui s'était logée dans mon ventre au début de cette aventure ne me quitte plus et affirme sa présente en sentant la voiture s'arrêter.

Il y en avait d'autres ?

Je n'oublie que, malgré leur comportement étrangement peu sérieux, un d'entre eux m'avait menacé d'une arme. Et je ne donne pas cher de ma peau si je dois rentrer dans un endroit avec plus attardés comme lui.

Me coupant dans le fil de mes pensées, Lock tire sur mon bras pour m'obliger à sortir de la voiture. Le bandeau me privant de tous mes repères, je tombe au sol à peine sortie du véhicule. Seulement, Lock n'avait toujours pas lâché mon bras, et je sens ma peau se tordre sous sa main. Cette suite d'évènements ne fait que nourrir mon aversion pour cet homme.

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