CHAPITRE 22: flammes dansantes

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ELORA

Le métal froid toujours appuyé dans le dos, figée, j'attends qu'Eyon agisse. 

Prends ton temps surtout.

— Je ne me répéterais pas John. Éloigne-toi, crache Eyon d'un ton froid.

John enfonce un peu plus son arme dans ma peau, j'arque mon dos de sorte à éloigner l'arme de moi. Il referme sa prise autour de ma chevelure en sentant mon mouvement.

Nous étions dans un endroit reculé de la foule, personne n'avait vu Eyon arrivé. Et je pense que John a trop peur de finir avec du plomb dans le crâne s'il alerte ses hommes de la présence d'Eyon. Alors il reste planté là.

J'avais cru que l'agitation et l'alarme étaient dues à mon échappement, mais j'avais compris que ce n'était pas le cas en voyant le monde courir autour de moi. Ils étaient en alerte à cause d'Eyon.

Soudain, le mouvement de John reprit et je me fis de nouveau pousser en avant, mais cette fois-ci nous nous dirigions vers une sortie de secours située droit devant nous. Je fronce les sourcils, intriguée, mais je devine rapidement que son geste était guidé par Eyon. Alors nous marchions tous les trois, en file, jusqu'à cette porte verte.

Je pousse la lourde porte avec le peu de force qu'il me restait, le vent froid de la nuit me fouette en plein visage. Je prends une grande bouffée d'oxygène avant de fermer les yeux, enfin soulagée. La porte donnait sur un champ entouré d'arbres, nous étions seuls et une fois la porte fermée, le brouhaha du hall s'était éteint. Un lourd silence pesait dans l'air, je sentais John trembler contre mon dos. Il avait beau donner l'air d'avoir confiance en lui, il a peur d'Eyon, et leur différence d'âge n'a pas l'air de les rattraper.

Une fois éloignés du bâtiment, John tire sur mes cheveux pour me dire de m'arrêter, je le sens crispé, ses mouvements sont tendus, il se limite. Personne ne dit rien, le silence en devient gênant. Après quelques dizaines de secondes, John prend la parole :

— Qu'est-ce que tu comptes faire hein ? Me buter ? J'en ai rien à foutre, ta putain a déjà été amochée par ta faute. Elle m'a tout dit, j'ai déjà diffusé les infos, crache-t-il dans mon dos.

Il bluffe, je n'ai rien dit, tout simplement parce que je ne savais rien.

À peine sa phrase terminée, une détonation se fait entendre. Je pousse un cri de surprise en me bouchant les oreilles. Recroquevillée sur moi-même, je n'ai pas senti l'arme de John quitter mon dos. Je me retourne rapidement afin de comprendre ce qu'il venait de se passer. Je reste bouche bée en voyant John en train de grogner de douleur sur l'herbe, il tient l'arrière de sa cuisse entre ses mains, le visage crispé. Eyon est pratiquement sur lui, son arme pointée sur lui, il relève les yeux sur moi avant de lancer un rapide regard vers l'arme de John qui était tombée à côté de lui.

Je comprends son intention et attrape rapidement le flingue avant que John ne puisse s'en emparer. Tremblante, je tiens cet objet dans mes mains, priant pour ne rien toucher qui la déclencherait.

— Fils de pute, elle est si bonne que ça pour que tu te mettes toute l'Amérique à dos, hein ? Je regrette de ne pas avoir écouté Jules et ses pulsions de pervers dans ce cas, lâche John entre deux grognements.

Une nouvelle détonation se fait entendre et la voix grave de John se transforme en cri aiguë. Eyon venait de lui envoyer une balle dans l'entrejambe. Ahurie, j'observe John se rouler sur le sol tandis que son sang se vide, rougissant l'herbe autour de son bassin. Je relève les yeux vers Eyon, son visage est fermé, la haine se lit dans son regard qui n'a pas quitté John des yeux.

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