CHAPITRE 16: cheveux bouclés

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ELORA

Nous étions rentrés depuis quelques heures. La nuit était tombée et la lune était déjà bien haute dans le ciel. Mais je n'arrivais pas à dormir, trop préoccupée par cette fille.

Je n'aimais pas la tournure que prenait ma vie. J'étais constamment dans la crainte qu'il m'arrive quelque chose. J'avais vu cette fille tout au long de la journée, mais je n'y avais pas fait plus attention que ça. Préférant sûrement soulager mon cerveau de toutes sortes d'angoisse le temps d'une journée.

Je n'en avais pas parlé à Lock, mais l'envie ne me manquait pas. Même si je ne devrais peut-être pas, j'ai trouvé une certaine part de sécurité dans chacun des garçons, même George.

Je pense que mon esprit s'était accroché au peu d'humanité que j'avais trouvé dans chaque personne après mon enlèvement. Après avoir fait trois crises d'angoisses à la suite durant ma première nuit dans le sous-sol, j'étais tellement exténuée que mon cerveau avait préféré me soulager en me déconnectant de la réalité. C'est comme ça que j'avais réussi à vivre les jours qui ont suivi. Mais la raison avait fini par reprendre le dessus, comme toujours.

Mais entre-temps, le réconfort dans le comportement enfantin des garçons était la seule chose qui me permettait d'oublier le reste le temps d'un instant. Je m'étais accrochée à la moindre bonne chose qu'il se passait pour ne pas sombrer. Mais maintenant, j'étais éloignée de tout ce à quoi j'arrive réussi à m'habituer. Alors je sombre petit à petit dans cet enfer qu'est l'anxiété.

J'expire longuement avant de me lever de mon lit, d'un pas lent. Je lis sur l'horloge qu'il est deux heures du matin passé.

Génial.

La boule qui logeait dans mon estomac ne s'était pas atténuée depuis que j'avais aperçu cette jeune femme. J'avais les lèvres en sang à force de les mordre et des cernes creusés par le manque de sommeil de ces derniers jours.

J'atteins la salle de bain de ma chambre et m'asperge le visage d'eau froide. Je relève la tête vers le miroir afin d'observer les effets de l'anxiété sur mon corps. Mon teint était pâle, mes lèvres rouge sang, littéralement, et mon corps tout entier tremblait légèrement.

Tu fais peur à voir, ma grande.

Je repris mon jugement de moi-même en passant les yeux sur mes cheveux bruns qui tombaient en cascade dans mon dos, sur mes yeux bleus entourés de cernes et sur tout le reste.

Putain, je suis pathétique. Il faut que je me reprenne.

Je vide mon esprit et me dirige vers ma porte, m'apprêtant à aller chercher un verre d'eau dans la cuisine. Mais à ma plus grande surprise, c'est sur Lock que je tombe en ouvrant ma porte. Il a la main levée et le poing refermé, il s'apprêtait à toquer.

Je hausse les sourcils, surprise de le voir debout à cette heure si tardive. Mon regard s'attarde sur sa tenue, puis sur la mienne. Il était en tenue de jour, habillé d'un jean et d'un pull tandis que moi j'étais en t-shirt large et en jogging tout aussi large. Je relève les yeux sur lui et l'interroge du regard sur sa présence devant ma porte.

— Je... J'ai entendu de l'eau couler depuis ta salle de bain, alors je suis venue voir pourquoi tu ne dormais pas encore, bégaie-t-il.

Je hoche la tête, mais ne lui réponds pas. Je passe à côté de lui et m'enfonce dans le couloir qui mène à la cuisine. J'entends ses pas derrière moi, mais ne dis rien.

J'arrive à destination et me sers un verre d'eau sans prêter attention à Lock qui s'était assis sur une chaise de l'îlot central à côté de moi.

— Pourquoi tu ne dors pas ? me demande-t-il en m'observant finir mon verre.

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