CHAPITRE 21: la clé

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ELORA

Assise sur ce même lit depuis cinq jours, recroquevillée sur moi-même, j'essaye d'ignorer la douleur qui pulse dans mes membres mutilés par les lames de John.

Tout le long de mes bras et de mes jambes, des traits rouges divisaient ma peau. Mon corps était parsemé de bleus. Mon visage était déformé par les coups et mes yeux enflés par mes pleurs.

John ne me laissait que quelques heures de répit entre les séances d'interrogatoire. Séance qu'il accompagnait de coups quand je ne lui répondais pas. Mais ce n'est pas que je ne veux pas, c'est que je n'ai pas les informations qu'il me demande, mais il ne semble pas convaincu par mes mots et mes pleurs incessants. Alors je ne dis plus rien, mes larmes coulent en silence tandis qu'il taillade les quelques centimètres de peau qui ne l'étaient pas déjà.

Le même sujet revenait souvent ; la clé. Il me demandait où était cachée la clé. Mais je n'avais aucune idée de quelle clé il parlait, aucune. Ce sujet avait l'air plus important que les autres au vu des coups qui étaient assénés de plus en plus fort à chaque fois que ce mot revenait sur le tapis.

Jules accompagnait chaque séance, un sourire répugnant aux lèvres. C'était lui qui était chargé de me frapper au visage quand John perdait patience, et il n'était pas tendre dans ses gestes.

J'étais sous-alimentée et mon corps ne le supportait pas, je m'évanouissais plusieurs fois par jour dû au manque de nourriture. On m'accordait un simple vers d'eau par jour, juste de quoi survivre, ou de quoi me tenir consciente pour les séances.

Un gardien veillait devant la porte chaque jour, il entrait uniquement pour me donner mon verre d'eau et pour m'emmener dans la pièce où se déroulait mon cauchemar journalier. Il était grand et une large cicatrice traversait son visage en passant par son œil. Il ne m'avait pas adressé un seul mot, et c'était mieux comme ça.

L'air de la pièce était devenu irrespirable, démunie de fenêtre, je respirais le même oxygène depuis cinq jours. La seule bonne chose était qu'ils ne m'attachaient plus les poignets à la tête du lit, ils ont dû remarquer que j'étais trop faible pour riposter.

La dernière séance de la journée était passée, il y en avait trois fois par jour ; matin, midi et soir. J'en déduis donc qu'il est 20h passé. Je n'avais pas encore reçu mon eau aujourd'hui. C'était une torture en plus, je pouvais recevoir mon verre d'eau à midi comme à minuit.

La tête nichée dans les bras croisés sur mes jambes, j'attends, je ne sais pas quoi, mais j'attends. Je n'avais plus que ça à faire de toute façon.

...

J'avais perdu la notion du temps, je relève la tête en remarquant que j'avais gardé cette position pendant plusieurs heures. Je craque ma nuque pour la débloquer et étends mes jambes sur le lit.

J'observe ces marques rouges sur ma peau. Ma peau si lisse avant tout ça, mon âme si pure, mon mental si dur. J'avais été traînée dans cette partie sombre du monde malgré moi, je n'avais pas demandé à connaître cette facette de la réalité. Et j'en voulais à Eyon pour m'y avoir plongée la tête la première.

Une agitation derrière la porte attire mon regard, celle-ci s'ouvre, mais le visage qui apparaît n'est pas celui du gardien, c'était celui de Jules. John lui avait interdit de me toucher en dehors des interrogatoires sous prétexte qu'il aura le droit de faire ce qu'il veut de moi dès que j'aurai parlé, mais ce n'est pas ça qui l'empêche de me rendre visite de temps en temps.

Il a un grand sourire au visage, son air détendu me donne envie de vomir. Il s'approche de manière nonchalante avant de s'asseoir à côté de moi. Je ne le quitte pas du regard, il observe le cocard qui entoure mon œil droit en souriant légèrement. Sûrement fier de voir ses exploits de ce matin.

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