CHAPITRE 36: piscine

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ELORA

Le cœur battant, j'attends le retour des garçons, les doigts entremêlés. Ils étaient partis tôt ce matin et nous étions en fin d'après-midi, sans nouvelles. Je ne savais pas pourquoi, mais cette situation me stressait tout autant qu'eux. Avaient-ils réussi ? Était-ce enfin fini ?

George avait fait de son mieux pour me distraire, et je lui en suis reconnaissante, mais ça n'avait pas fonctionné, j'avais été angoissée toute la journée. Mais je ne savais pas réellement pourquoi. Mes mains étaient moites et mes doigts jouaient entre eux, enlevant et remettant la bague d'Eyon à mon doigt, la faisant traverser chaque doigt de ma main avant de la remettre à sa place initiale.

Assise sur le bord du fauteuil, ma posture peu naturelle trahissait mon anxiété et ma respiration se mêlait aux battements de mon cœur, tous deux anormalement rapides.

La télévision était allumée, mais je ne regardais pas, mon esprit était ailleurs, dirigé vers Eyon.

Les derniers rayons de soleil disparaissaient à l'horizon et l'apparition de l'obscurité nourrissait mon angoisse, ils y ont passé la journée. Il y avait-il eu des complications ?

Mes pensées s'éteignirent en apercevant des rayons de lumières blanches traverser la fenêtre.

Ils sont arrivés.

Je me précipite à la porte et n'attends pas plus avant de l'ouvrir. Accompagnée de George, je dévale les trois marches qui me séparent du trottoir et observe la voiture se garer.

Ian en sort le premier et son air fatigué m'inquiète, il passe à côté de moi sans un mot et je n'ose pas poser de question. George me lance un regard rempli d'incompréhension en haussant les épaules avant de diriger ses yeux vers le reste du groupe qui sortait peu à peu de la voiture.

Mattheo et Owen suivent la trajectoire d'Ian en me souriant pour Mattheo et en me lançant un clin d'œil pour Owen. Je leur souris faiblement, mais mon cœur ne se calme pas pour autant. Pourquoi sont-ils tous si silencieux.

Mon regard, jusqu'à maintenant curieux, se remplit d'effroi quand mes yeux se posent sur Eyon, sa chemise tachée de sang témoigne de la violence de la journée. Lock le suit de près, son vêtement est aussi taché d'éclaboussures rouges, mais moins que celui du brun.

Lock devance Eyon et se précipite à l'intérieur de la villa sans un mot, m'incitant à grimacer face à son attitude. Le chef de gang est le seul à s'arrêter devant moi.

Je plante mes yeux dans lesquels l'inquiétude se lit aisément dans les siens. Il reste là, planté devant moi, avant de me sourire d'une manière tellement douce que je ne le croirai pas.

— Comment tu vas, mia rosa ? me demande-t-il d'une petite voix, comme si j'étais un objet fragile qu'un ton de voix trop agressif pouvait briser.

Je le regarde, déconcertée, comment peut-il penser à moi dans ces circonstances ? C'est à moi de lui demander comment il va.

Il affiche une grimace face à l'absence de réponse. Doucement, il apporte une main sur mon bras pour me sortir de mes pensées. Je ne le quitte pas des yeux et me contente de l'observer dans le silence que la soirée nous offrait. Mon regard traverse son visage, ses traits, détaillant chaque chose qui décorait son être.

Comment peut-il encore s'inquiéter pour moi alors qu'il vient de tuer un homme qui a nuit à ses affaires durant des mois, qui a essayé de le tuer, qui lui a fait perdre plusieurs gros clients?

Je n'arrive pas à le quitter des yeux, il devrait être heureux? Il devrait sauter de joie sans même me regarder, être soulagé de ne plus devoir me supporter. C'est le seul moment où son égoïsme aurait été légitime. Mais non, malgré tout ça, la première chose qu'il fait en revenant, c'est me demander comment je vais.

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