CHAPITRE 26: mensonge

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ELORA

J'étais assise en tailleur sur le lit d'Eyon. Il m'avait entraîné dans sa chambre avant même de me laisser le temps de terminer le film que nous regardions. Il semblait nerveux et perdait ses mots dès qu'il essayait de parler.

Mon anxiété était montée en flèche en le voyant légèrement trembler, je ne l'avais jamais vu comme ça. Ses membres semblaient tendus pendant qu'il se forçait à me regarder dans les yeux, assis en face de moi.

Je ne l'avais pas quitté des yeux, mais je n'arrivais pas à déterminer ce que je ressentais quand mes yeux croisaient les siens. Je devrais être énervée, pour tout ce que j'ai subi par sa faute, mais je pense que mon corps et mon esprit sont trop fatigués que pour pouvoir ressentir ce genre d'émotions. J'avais l'impression d'être dépourvue de sentiments, incapable de comprendre comment mon esprit se sentait.

Alors je le fixais, sans ressentir quoi que ce soit. Ni haine, ni empathie, ni tristesse. Cette boule dans ma gorge m'avait quitté au moment même où j'avais aperçu le corps sans vie de Jules. Je l'avais tué.

Je ne savais plus quoi ressentir ni comment réagir. J'avais tué un homme. Mais cet homme-là méritait pire que la mort.

Je m'étais vengé, moi et moi seule. Je n'arrivais plus à pleurer, j'avais l'impression d'être vide.

Je reviens à la réalité en entendant Eyon s'éclaircir la gorge. Mes yeux tombent sur ses mains, il jouait avec ses bagues. Je laisse traîner mon regard sur ses mains plus longtemps que prévu. Il le remarque et suit mes yeux avant de demander d'une voix tremblante :

— Tu...tu aimes les bijoux ?

Je relève les yeux vers lui et hausse les épaules. Il hoche la tête avant de baisser à nouveau son regard sur ses mains.

— J'ai quelque chose à te dire Elora, mais ça ne va pas être facile à entendre. Et je te demanderai de me laisser t'expliquer toute la situation avant que tu ne perdes ton sang-froid, annonce-t-il d'une petite voix.

Je fronce les sourcils à l'entente de ses mots et mon regard se fait inconsciemment plus noir. Je ne sais pas ce qu'il comptait me dire, mais je ne sais pas si j'arriverai à encaisser quelque chose de trop gros.

— Tu sais pourquoi tu es ici, n'est-ce pas ?

Je plisse les yeux, sans trop comprendre sa question. Il semble remarquer mon regard et clarifie.

— Enfin, pourquoi je t'ai enlevé, au tout début.

Mon estomac se noue à l'évocation de cette situation. Il plante son regard dans le mien, en attente d'une réponse.

Je hoche simplement la tête, ma gorge s'était asséchée, je n'étais pas en mesure de parler.

— Tu avais clamé ton innocence et...je ne t'avais pas cru ? Tu t'en souviens ? 

Mes yeux toujours perdus dans les siens, je ne pensais pas mon visage capable de se crisper autant. Mes sourcils se froncent un peu plus et je hoche la tête lentement. Je n'aimais pas la tournure que prenait cette discussion.

Je reste attentive à ses mots, mais il prend un temps fou à reprendre la parole. Dubitative, je l'incite à continuer. Il commence à s'agiter et je vois dans ses mouvements qu'il n'est pas prêt à m'annoncer ce qu'il doit me dire.

Son état ne fait qu'aggraver le mien, ce n'était pas bon. Et je n'aimais pas du tout ce qu'il se passait. Délicatement, il commence à retirer et remettre ses bagues dans un mouvement régulier. L'anxiété se lit sur ses traits et dans son attitude.

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