CHAPITRE 19: le QG

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NDA: ce chapitre comporte des scènes violentes. Je m'adresse à un public averti.

ELORA

Je n'avais plus la notion du temps. Il n'y avait aucune fenêtre dans la pièce, rien qui puisse me permettre de me repérer dans le temps. Tout ce que je savais c'est que cela devait faire une vingtaine d'heures depuis la dernière visite de John.

Je n'avais rien bu, rien mangé. Ma plaie, devenue mauve, me brûlait affreusement. Ma jambe n'arrêtait pas de trembler, la douleur encore trop vive. J'avais tourné de l'œil encore deux fois après m'être réveillée du coup de couteau.

Ma gorge était sèche. Je n'avais pas ouvert la bouche depuis trop longtemps et l'air froid qui circulait dans la pièce refroidissait mes poumons. Je n'arrêtais pas de tousser et chacun de mes mouvements me faisait souffrir le martyre. Mes membres, meurtris par les liens qui les maintenaient, étaient recouverts de bleus suite à mes tentatives de me détacher.

Je sentais encore la main de John remonter sur ma cuisse. Cette main dont je n'avais pas approuvé le toucher. Tellement j'avais pleuré, effrayée par ce qui allait suivre, mes yeux étaient tout aussi asséchés que ma gorge.

Soudain, des pas se firent entendre de l'autre côté de la porte. Mes sens en alertes, mon corps s'agita tant qu'il le pouvait. Ma respiration devient incontrôlable, le trop d'air dans ma gorge sèche me provoqua une toux tout aussi incontrôlable. Je toussais hystériquement tandis que mes yeux ne quittaient plus la porte, paniquée par l'idée que John refasse surface.

En essayant d'atténuer ma toux, j'observai la poignée s'abaisser lentement. Mon cœur manquait de sortir de ma poitrine tant il battait fort.

Mon souffle se rompit en voyant l'individu qui venait de pénétrer dans la pièce. Le pervers qui avait entraîné une course poursuite avec Eyon. Le même qui m'avait tiré dessus. Mon corps tout entier se crispa sous son regard pendant qu'il prenait la peine de refermer la porte à clé derrière lui.

Je ne le quittais pas des yeux, j'étais en alerte, j'analysais chacun de ses mouvements, je ne voulais pas que ce qu'il s'était passé avec John se reproduise.

Il s'assoit à mes jambes, au même endroit que John s'était assis la veille.

— Nous n'avons pas eu le temps d'être présentés, je crois, sourit-il de toutes ses dents en me tendant une main.

Son sourire s'agrandit quand il relève les yeux sur mes poignets bleus et attachés par des menottes. Son geste était purement pour me provoquer, pour me rappeler que je n'étais plus maître de mes mouvements et que j'étais en position de faiblesse.

— Tu es bien moins bavarde qu'à la réunion, fait-il remarquer, tu sais, celle où tu m'as traité de puceau. D'ailleurs, je pourrais peut-être te prouver le contraire maintenant que tu n'as plus ton abruti de dealer pour te défendre.

J'ouvre grand les yeux en comprenant son attention, mes pensées s'emmêlèrent dans un tourbillon d'angoisse, mais je ne lui répondis pas. Immobile, je le regardais dans les yeux, priant les Dieux pour qu'il ne mette pas en pratique ses idées.

Son regard, attiré par les tremblements de ma jambe, se posa sur ma plaie. Ses sourcils se froncèrent légèrement. Sa main, comme attirée par la couleur mauve de ma cuisse, se dirigea lentement vers celle-ci. Ma respiration se coupe, en haleine, j'observe son doigt se rapprocher de ma blessure encore ouverte.

Et dans un mouvement brusque, il planta son doigt dans la plaie. Un cri déchirant traversa mes lèvres, ce genre de cris qui irrite votre gorge, ce genre de cris que personne ne devrait avoir à faire, jamais.

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