CHAPITRE 7: Mattheo

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EYON

Ian était au volant depuis le début du trajet et je sentais qu'il commençait à fatiguer. Il était maintenant 7h du matin et nous arrivions enfin au Nevada, nous allions loger dans le manoir de la famille de George un petit temps. Cela faisait pratiquement quatre heures que nous étions sur la route, mais j'avais encore les nerfs à vif.

Ma putain d'adresse avait fuité.

Owen et George s'étaient endormis une dizaine de minutes après notre départ. Elora, elle, avait refusé de dormir, je l'avais vue somnoler, mais toujours sans s'endormir. Sauf que, même avec toute la volonté du monde, les événements de la soirée ont eu raison d'elle. Elle a fini par s'endormir après que je lui ai donné ce pull. La voir frissonner m'avait agacé. J'étais responsable de ce qu'elle vivait alors j'allais faire en sorte qu'elle ne manque de rien.

En revanche, son geste quand Owen s'était fait tirer dessus m'a interpellé.

Elle nous avait protégé, bordel.

Ce geste m'avait surpris, je l'avoue. Je ne voyais pas un si petit être humain être capable de tirer sur quelqu'un avec un tel sang-froid. J'étais resté sur le cul. Elle m'avait vu retirer la sécurité de mon arme dans la foulée et me l'avait prise pour protéger l'un des nôtres.

Depuis, elle avait refusé de nous parler et même de nous regarder, ce que je comprenais.

Elle allait être souillée par la noirceur de mon monde et tout ça parce que je ne suis pas capable de gérer mes hommes.

Cette pensée me crispa immédiatement.

— Putain.

Ian tourne la tête vers moi, intrigué par ce que j'avais soufflé.

— Ça va, mec ? il chuchotait.

Seuls nous et Lock étions encore éveillés.

Je tourne la tête vers lui et lui lance un regard désespéré.

— J'en ai marre Ian, on est en train de se faire baiser de tous les côtés. D'abord la fausse accusation d'Elora, ensuite la tentative de kidnapping, c'est la merde putain, je repose ma tête sur le repose-tête avant de fermer les yeux et d'expirer lentement.

Ian n'a pas pris la peine de me répondre et a préféré se concentrer sur la route. Il savait que ma réflexion n'attendait pas de réponse.

Après encore quelques dizaines de minutes, nous arrivions au "Manoir Richard".

Ce manoir appartenait à la famille de George depuis huit générations. Il acceptait de nous le prêter quand la situation dégénérait.

Ian se gare dans la cour juste devant l'entrée et coupe le moteur. Il souffle bruyamment, sûrement soulagé de ne plus avoir à conduire.

Il était tôt dans la matinée, mais le soleil ne manquait pas au rendez-vous. Nous étions en mi-avril, la chaleur de la saison commençait à peine à se montrer.

Je sors de la voiture suivie par Ian. Owen se réveille, dérangé par les secousses des portières qui se referment. Il sort difficilement de la voiture en se tenant le flanc, il grogne légèrement, mais finit par sortir pleinement de la voiture. Lock force George à se réveiller et ils sortent tous les deux de la voiture.

Il ne reste qu'Elora qui dort profondément au milieu de la banquette arrière. Ian me regarde et me fait signe de la réveiller.

— Elora ? Euh... On est arrivé.

Elle ne bouge pas. Elle a l'air exténuée. Je tourne la tête vers Ian et lui fais signe qu'elle ne se réveille pas.

Il souffle et lève les bras au ciel comme si c'était évident.

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