CHAPITRE 41: regret

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EYON

Elora avait dormi tout le reste du vol. Nous avions atterri il y a plus d'une heure et elle n'osait toujours pas me regarder dans les yeux.

Elle avait essayé de m'embrasser.

Je ne m'en remettais toujours pas, j'avais reculé dans un réflexe, mais quand j'ai compris qu'elle était son intention je n'avais pas su dissimuler ma joie.

Je n'aurais pas dû reculer.

La femme qui jouait avec les battements de mon cœur depuis plusieurs semaines avait fait un pas vers moi. Un pas énorme. Un pas que je pensais être le premier à faire.

J'avais fait de mon mieux pour ne pas qu'elle soit embarrassée par la situation, mais rien n'y fait. Elle s'en voulait terriblement, et ça me vexait presque.

Mattheo était venu nous récupérer sur la piste et nous étions sur le point d'arriver dans ma ville natale. Bari, situé sur la côte Est de l'Italie. La chaleur nous avait frappés au moment même où nous étions sortis de l'avion.

En plein milieu du mois de juillet, la chaleur de l'Italie contrastait avec celle des États-Unis. Ici, elle était étouffante, elle brûlait nos poumons à chaque respiration, mais l'ambiance que nous offrait ce pays était tout autre. Et j'adorais ça.

Mattheo roulait comme si nous avions neuf vies, il grillait le peu de feux qu'il y avait et doublait même la police.

Elora était assise sur la banquette arrière, silencieuse, son regard était dirigé vers le paysage qui défilait par la fenêtre. Elle n'avait jamais quitté les États-Unis, et ce n'est pas là-bas qu'on trouvera d'aussi beaux paysages.

Je décide de m'abandonner moi aussi à cette vision, inconsciemment, je souris en voyant défiler les vieilles maisons au bord de la mer. J'aimais ce pays plus que tout. J'aimais sa chaleur, sa beauté, sa diversité, son architecture, tout. J'avais réellement l'impression d'être chez moi ici.

Mon ami au volant avait remarqué la tension dans la voiture et m'avait interrogé du regard. Je m'étais contenté de lui faire un signe de tête et il n'insista pas plus que ça.

Nous nous éloignons quelque peu de la ville et je souris en voyant une maison que je ne connais que trop bien apparaître à l'horizon. Plus on s'en rapproche et plus les détails se forment.

Une petite maison faite de briques blanches, recouverte de lièvres et entourée de buissons et de fleurs. Une piscine en mosaïque se dresse devant celle-ci, elle-même entourée de verdure.

Nous étions seuls dans les parages, libres de voisins.

Mattheo se gare dans la cour et sort de la voiture sans attendre avant d'appeler quelques domestiques. Je sors à mon tour et, en bon gentleman, ouvre la porte d'Elora avant de lui proposer ma main pour l'aider à sortir du véhicule.

Elle lève les yeux en voyant ma main tendue vers elle, mais la saisit quand même, ce qui, je l'avoue, me surprend. Elle s'aide en s'appuyant sur moi et sort de la voiture, elle prend une grande bouffée d'air et lâche ma main en admirant les alentours.

Elle semble un peu surprise quand une horde de domestiques apparaissent dans le jardin. Il y en a une petite dizaine dans ce chalet, pourtant Mattheo est le seul à y vivre. Ils servaient sa famille avant lui et Mattheo refusait de les virer, et eux ne semblaient pas vouloir partir. Alors la maison est toujours remplie, et heureusement, ils sont tous d'excellente compagnie. Mais j'avais une préférence pour deux d'entre eux.

Le premier s'avance justement vers Elora, un vieil homme dont la moustache recouvrait la moitié de sa bouche. Marco.

— Ciao Marco, Elora sursaute en m'entendant parler italien dans son dos.

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