CHAPITRE 12: cinéma

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EYON

Nous sommes restés sur ce banc près d'une heure, sans prononcer un mot. Nous avions laissé le soleil nous réchauffer, nous ressourcer. Ces trois derniers jours avaient été fatigants. Pendant qu'Elora était dans le coma, j'avais dû gérer la moitié des gangs d'Amérique du Nord. La course poursuite n'avait pas pris plus de deux heures avant de devenir la nouvelle source de drama de tous les narcos du pays.

Et j'ai détesté ça.

Tout ce petit monde s'était divisé en deux clans. D'un côté, il y avait mes contrats, mes clients et mes fournisseurs qui avaient pris part pour moi.

De l'autre, tout le reste. Tous ces trafiquants à l'égo trop blessés de voir un jeune comme moi réussir dans les affaires. Qui n'avait qu'une seule envie, démolir la forteresse que j'avais réussi à bâtir.

Bande de fils de putes.

Elora s'était levée avant moi et avait rejoint les autres à l'intérieur. J'avais profité du soleil encore quelques minutes après son départ, mais avait décidé de rentrer à mon tour en voyant les derniers rayons disparaître à l'horizon.

J'avais rejoint mon bureau sans prendre le temps de parler aux gars. Je ne voulais voir personne.

Ma tête était remplie de trop d'informations. De trop de pression. Ce petit bout de femme avait déclenché à elle toute seule une vraie guerre. Et la garder auprès de moi empirait les choses pour mes affaires.

Mais il est trop tard pour la laisser rentrer chez elle. Les hommes les plus dangereux du pays étaient prêts à payer pour qu'elle se fasse kidnapper pour ensuite se faire torturer en espérant qu'elle daigne cracher des informations qu'elle n'a pas.

Et je sais avec certitude qu'ils ne seront pas aussi gentils que moi. Elle sera constamment exposée au danger.

Putain ça crains.

Les coudes sur mon bureau et la tête appuyée sur mes poings, je fixais le vide, à la recherche d'une solution qui ne mettrait ni elle ni moi en danger.

Lock entre dans mon bureau sans toquer, je relève les yeux sur lui et le salue d'un mouvement de tête. Il vient s'asseoir sur une des chaises en face de mon bureau et attend d'avoir pleinement mon attention avant de commencer à parler.

Une fois donnée, il semble hésiter, mais prend la parole après une longue inspiration.

— Tu m'as nommé garde du corps d'Elora, mais je n'ai reçu aucune information au sujet de ses libertés. Ni aucune autre information à vrai dire.

Je hoche la tête en détournant le regard. Je n'avais pas envie d'imposer trop de limites à Elora. Certes elle était sous mon emprise, mais malgré elle et malgré moi. Alors je n'avais aucun réel pouvoir sur elle. Et je n'avais pas envie de prétendre en avoir.

— Il n'y a rien à dire. Mis à part le fait qu'elle ne puisse pas sortir dehors sans au moins un d'entre vous à ses côtés. Et ne l'autorise pas à sortir hors de la propriété, c'est trop dangereux. Si elle a besoin de quelque chose, il faudra qu'elle te le demande à toi et à personne d'autre.

Il hoche la tête sans un mot et se relève calmement avant de quitter la pièce.

Lock faisait partie de ceux en qui j'avais le plus confiance avec Ian. Il était très professionnel, mais savait rire quand il le fallait. Il n'a jamais reculé quand la situation devenait trop compliquée. Je pouvais placer ma vie entre ses mains sans aucun problème. Alors celle d'Elora aussi.

...

Quelques heures plus tard, j'étais assis devant la télévision, accompagné de George qui était en train de dépoussiérer une armoire située dans un coin de la pièce. J'avais allumé l'écran géant sur une chaîne au hasard. À vrai dire, c'était juste pour voir un bruit de fond pendant que je me perdais dans mes pensées. La méthode de survie des suricates, comme l'expliquait le journaliste, ne m'intéressait aucunement.

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