Chapitre 50 - Supplices

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Une forte odeur d'alcool fit tourner la tête à Linnéa. La jeune femme reprit rapidement conscience. Elle était assise par terre dans le coin d'une cave sinistre, face à une étagère de bouteilles de vin poussiéreuses, et son geôlier lui agitait un verre d'eau de vie sous le nez. Tim Valnasser avait toujours l'air aussi imbu de lui-même, rien ne pouvait lui faire plus plaisir que d'avoir enfin soumis la directrice glorifiée de la CDG.

— Alors, commença-t-il sur un ton enjoué. Qu'allons-nous faire aujourd'hui, ma chère Linnéa ? Voir combien de temps vous êtes capable de rester en apnée sous l'eau avant de boire la tasse, ou bien peut-être tester votre résistance à la chaleur à l'aide de quelques braises ardentes ?

— Non arrêtez ça je vous en supplie, je... j'accepte vos conditions... abandonna la jeune femme, brisée par une semaine de mauvais traitements.

— Vous mettez la clef sous la porte et vous promettez de ne plus jamais me concurrencer avec la CDG, ni sur aucun autre plan d'ailleurs ?

— Oui je vous le promets...

Un sourire éclatant fendit le visage de Valnasser d'une oreille à l'autre.

— Je vois que vous êtes raisonnable, madame Gardam. Mes gardes vont vous détacher et nous conviendrons des détails et de la paperasse dans mon bureau.

L'homme quitta la cave en refermant la porte derrière lui. Il sursauta aussitôt en se retrouvant face à la mine hargneuse de Jessica.

— Qu'est-ce qui se passe, miss Arnold ?

— Vous ne pouvez pas libérer Linnéa Gardam, pas encore. Vous avez besoin d'elle pour attirer son mari et Khali Lobo par la même occasion.

— J'y ai repensé et ça n'est pas comme ça que je veux retrouver Khali. Si je la piège et que j'agis contre sa volonté elle refusera de travailler pour moi, je préfère attendre qu'elle revienne vers moi. Cela arrivera tôt ou tard, j'en suis persuadé.

— Vous ne libérerez pas Linnéa sans mon autorisation.

— Depuis quand me donnez-vous des instructions ? Jusqu'à nouvel ordre c'est moi le patron ici.

La jeune femme bouscula soudain Valnasser en le plaquant au mur. Ses yeux étaient injectés de sang et elle poussa un grognement terrifiant sans craindre de dévoiler la taille inhumaine de ses canines.

— Linnéa est ma prisonnière, grogna-t-elle, la mâchoire serrée. Ne vous approchez plus d'elle sans mon autorisation ou vous finirez au fond d'un caniveau.

Effrayé, l'homme ne put qu'acquiescer d'un sensible mouvement des sourcils, puis Jessica s'éloigna la tête haute.


🐺🐺🐺


James était assis dans son jardin depuis des heures, immobile. Ses cheveux humides étaient en bataille, son regard vide, ses membres dénués de tout tonus musculaire. Ses coudes étaient appuyés sur ses genoux et sa main droite pendait de façon inerte vers le sol, alourdie par l'arme de service du jeune homme. On l'eût pris pour une statue grecque immortalisant le désespoir et l'absence de toute pensée. Il se situait hors de la vie, hors du temps.

— James... commença une voix inquiète derrière lui.

Le policier ne réagit pas, son esprit était toujours prisonnier d'un autre monde. Khali s'avança lentement vers lui et s'arrêta à son niveau, n'osant pas le toucher de peur... de peur... Elle ne savait pas ce qui l'effrayait tant mais l'air distant de James la mettait mal à l'aise.

Nuit Sans Lune (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant