Chapitre 4 - Meurtre à la bijouterie

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James était assis à son bureau et examinait pour la énième fois le dossier concernant les antiquités volées récemment dans la région. Il étudiait les photos des différents objets : des idoles mayas et indiennes, ainsi qu'un fragment de sculpture murale égyptienne. Il s'agissait pour la plupart de pièces ayant une valeur culturelle plutôt que pécuniaire. L'argent ne semblait pas être la motivation première du cambrioleur. Qu'est-ce qui pouvait justifier les risques pris par ce dernier pour s'emparer de si modestes sculptures de pierre et de bois ? Peut-être s'agissait-il d'un collectionneur privé. Quoiqu'il en soit, James appuyait toute son enquête sur cette dernière hypothèse, mais il ne parvenait pas à identifier le collectionneur en question. Il connaissait des amateurs de la culture égyptienne, indienne ou maya, mais personne qui s'intéressât aux trois en même temps. Il fallait à tout prix qu'il parvienne à établir un lien entre les différents objets, et c'est pourquoi il passait son temps à étudier et comparer les photos de ceux-ci, espérant que la solution flagrante finirait par lui sauter aux yeux.

La manche d'une veste fit soudain échapper une photo des mains du jeune homme en claquant sur son épaule. Le lieutenant Alicos s'excusa sur un ton qui sonnait faux puis enfila la seconde manche de son imperméable.

— Y'a pas de mal. Dis, tu m'as l'air drôlement pressé, fit remarquer James.

— Oui, Thomas m'envoie dans la bijouterie où un type a été tué cette nuit.

— Quoi ? Il a pas pu me faire ça. Je me suis présenté avant toi ce matin et je suis plus qualifié que toi pour ce type d'enquête. En plus il avait déjà mis la nouvelle recrue sur l'affaire.

— Eh oui, j'ai de grandes capacités de persuasion, se vanta le lieutenant Alicos.

— T'as surtout une façon de complimenter les gens...

— Je leur dis ce qu'ils veulent entendre.

— Hypocrite, reprocha James avec un sourire faux aux lèvres.

Le lieutenant Alicos se laissa aller à rire gaiement. Peut-être bien qu'il était hypocrite mais James l'était tout autant lorsqu'il se montrait amical envers lui, il savait bien que l'homme le détestait. Il vissa son chapeau sur ses boucles rousses puis tourna le dos à son collègue :

— Je dois y aller. A la prochaine, Gardam.

— Non attends ! s'exclama James en quittant subitement sa chaise. Laisse-moi t'accompagner, s'il te plaît.

— Je peux pas.

— Bien sûr que si tu peux. Je veux voir ce qui s'est passé. Comme ça j'aurais matière à penser, tu sais que j'ai des problèmes avec Linnéa. Je t'en prie.

— Mais je... Oh, par tous les saints ! Bon, écoute, ce n'est pas vraiment moi qui ai été chargé de l'enquête. Je dois seulement interroger le bijoutier et tenter de dresser une liste de ce qui a été volé.

James était intérieurement enchanté de la déception d'Alicos.

— Je veux quand même venir. Dans la mesure où il s'agit d'un vol, ça me concerne.

— Mais ce sont des bijoux de valeur et non des antiquités.

— Tu ne m'empêcheras pas d'y aller.

Le lieutenant Alicos céda à contrecœur. Il retira son chapeau, le déposa sur la tête de son collègue, puis l'invita à l'accompagner dans sa voiture. Les deux hommes jouaient continuellement la comédie en entretenant un semblant d'amitié, ainsi ils quittèrent le commissariat en riant et en échangeant leurs impressions à propos d'un film récemment sorti au cinéma.

Nuit Sans Lune (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant