Chapitre 12 - Mademoiselle Lobo

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James n'avait rien dit depuis un quart d'heure, cela semblait une éternité. Il avait honte mais ne savait pas réellement de quoi. La belle étrangère l'avait entraîné dans sa voiture, une vieille épave qu'elle avait louée. Elle conduisait sereinement, les yeux fixés sur la route. Les rues de la ville avaient défilé en un éclair, puis la forêt sombre et une station-service. Seuls les champs déserts s'étendaient dorénavant à perte de vue. Ils étaient loin de tout.

La jeune femme freina brusquement et immobilisa le véhicule au milieu de la route.

— Il n'y a pas de trafic à cette heure-ci, se justifia-t-elle comme si elle avait deviné les pensées de James en le voyant se tourner vers la vitre arrière.

Le jeune homme se sentait à nouveau lui-même, hésitant et inquiet.

— Nous devons parler de l'enquête... maintenant.

James ne répondit pas, la tête encore dans la lune.

— Très bien, concéda la belle, je vous accorde une question à mon sujet, une seule. Et je vous promets d'y répondre. Ensuite il faudra nous concentrer sur l'affaire. Allez-y, posez votre question, vous en mourez d'envie, je le lis dans vos yeux.

Le policier n'avait qu'un souhait, ouvrir la portière et fuir le plus loin possible. Se cacher la tête dans un sac en papier et mourir de honte. Pourquoi se montrait-il si faible ? Il n'aurait jamais dû laisser paraître son intérêt pour la jeune femme. Quelle folie l'avait donc pris dans ce parc ? Il ne pouvait pourtant se résigner à partir, le mystère était bien trop envoûtant. Sachant pertinemment que de cette manière il ne ferait que confirmer sa faiblesse, James posa sa question :

— ... Quel est votre prénom ?

La jeune femme éclata d'un rire charmant.

— Vous avez l'occasion de me demander absolument n'importe quoi, je m'ouvre entièrement à vous, et tout ce que vous voulez savoir c'est mon prénom ?

— Oui, certifia le policier très sérieusement.

— J'avoue qu'à un moment j'ai eu peur de ce que vous alliez me demander, car j'ai promis de dire la vérité et je n'ai qu'une parole.

Le mutisme de James la poussa à répondre précipitamment :

— Khali. C'est mon prénom.

— Khali... répéta le jeune homme, rêveur. Un nom de déesse... C'est plutôt rare et... et mystérieux. Ce qui n'arrange pas mes affaires.

Ils sourirent tous les deux, complices. Une voiture arriva par derrière et les dépassa en klaxonnant, puis les deux collègues se mirent à rire.

— Au fait, commença la jeune femme, moi non plus je ne connais pas votre prénom, lieutenant Gardam.

— Réfléchissez bien parce que c'est la seule question d'ordre privé à laquelle je répondrai, plaisanta-t-il.

Khali assura qu'il s'agissait de la seule question qu'elle désirait lui poser et ils rirent à nouveau. Lorsque le calme fut revenu, le jeune homme satisfit la curiosité de la belle et tous deux purent enfin aborder le sujet qui les avait réunis.

— D'accord James, maintenant passons aux choses sérieuses. Lors de mes investigations après le meurtre de Geoffroy Grieux à la bijouterie, j'ai constaté que cette mort était liée aux vols d'antiquités dont vous vous occupez.

— Comment cela ?

— Le but de l'assassin était le vol et non pas le meurtre. Geoffroy n'était pas censé se trouver là, la boutique était fermée. Pris de cours, le voleur a éliminé un témoin gênant.

Nuit Sans Lune (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant