Nuit Sans Lune (Terminé)

Chapitre 52 - Dans la gueule du loup

Le lieutenant Alicos termina sa tasse de café avec un désagréable bruit de succion puis la reposa à côté du clavier de son ordinateur. Il était connecté à Internet depuis des heures mais ne parvenait pas à trouver ce qu'il cherchait. Cela faisait des jours maintenant qu'il tentait d'identifier le tableau aperçut fugitivement dans le garage de Thimothy Valnasser. Après tout il s'était peut-être trompé. Le tableau était certainement sans aucune valeur. Pourtant cela aurait tant facilité les choses que ce tableau ait été volé, Gaétan avait vraiment besoin de résoudre une enquête pour remonter sa cote auprès du commissaire Thomas ces derniers temps.

Il réfléchissait à une manière de créer de fausses preuves pour incriminer Valnasser lorsque l'une des photographies d'art défilant sur son écran l'interpella. Gaétan se jeta aussitôt sur la souris et interrompit le défilement. Il ferma quelques fenêtres pour revenir en arrière et s'arrêta tout à coup sur la représentation exacte du tableau suspect. Il s'agissait effectivement d'un chef d'œuvre réputé, le policier ne s'était pas trompé, il était sûr d'avoir déjà vu la peinture auparavant.

Rapidement, il nota les références du tableau et lança une nouvelle recherche. En très peu de temps il obtint une réponse. Le tableau était censé être exposé à Londres, il n'avait rien à faire dans le garage de Valnasser. Gaétan eut du mal à contenir sa joie et sa satisfaction, il ne s'en retint pas d'ailleurs. Le jeune homme attrapa sa veste à la hâte, lança une boule de papier dans la poubelle située à quelques mètres de lui, puis quitta le commissariat en sifflant gaiement. Valnasser était piégé.

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Khali s'immobilisa quelques pas avant le portail d'entrée de la villa Valnasser et arrêta James.

— Tu es certain de vouloir m'accompagner ? murmura-t-elle dans la nuit.

— Oui, j'irai jusqu'au bout.

La jeune femme se mordit la lèvre inférieure, c'était leur dernière occasion de faire demi-tour. La voyant hésiter, James fit son choix et s'avança jusqu'au lourd portail de fer forgé. Il scruta à travers la grille. L'immense maison s'élevait au loin, projetant une ombre sinistre à l'avant de la cour. Quelques lumières éclairaient l'allée menant à la porte principale. Le policier posa la main sur la poignée mais le portail refusa de s'ouvrir. Il insista quelques instants avant de se tourner vers une petite sonnette sur le côté. Il appuya brièvement sur le bouton et attendit. Une seconde sonnerie ne tarda pas à se faire entendre puis le portail fut déverrouillé. Avant que James n'entre, Khali l'arrêta encore une fois.

— Attends. N'oublie pas que c'est une nuit sans lune, tu ne pourras compter que sur tes capacités humaines. Le loup ne t'aidera pas.

— Je sais, ne t'inquiète pas. Mais il en est de même pour toi alors ne prends pas de risques inconsidérés en jouant les héroïnes.

Soudain, une main saisit fermement James par le dos de sa veste et l'attira dans la cour en le plaquant avec force contre la grille du portail. Il n'eut pas le temps de se défendre car des menottes neutralisaient déjà ses deux mains dans son dos. Le policier ne put qu'assister, impuissant, à l'arrestation de Khali par deux hommes vêtus de noir et armés. Elle se débattit avec vivacité mais ne tarda pas à être immobilisée au sol, face contre terre. Les quatre gardiens poussèrent sans ménagement leurs proies en direction de la maison.

— Je suppose qu'on doit avancer et se taire ? proposa James.

Il obtint un coup dans le dos pour toute réponse. Silencieusement le petit cortège contourna la maison et se dirigea vers l'entrée de derrière qui donnait sur la cave. Ils longèrent une rangée de buisson sans se douter que le lieutenant Alicos les épiait en se frottant les mains. Il allait peut-être avoir l'occasion de démanteler un réseau de trafic d'art tout en inculpant Khali, complice de Valnasser. Il était quelque peu gêné par la présence de son collègue, mais après tout il avait laissé à James le temps de la réflexion, et si ce dernier devait plonger pour le bien de la carrière d'Alicos, ce n'était fondamentalement pas dérangeant. Gaétan chargea son arme de service en voyant les deux captifs disparaître dans les entrailles de la villa Valnasser.