Chapitre 42 - Besoin de preuves

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Linnéa éteignit la télévision, elle avait passé l'après-midi à regarder un documentaire sur les points communs entre l'art grec et égyptien au premier siècle avant notre ère. Cela avait beau être fascinant, ses membres n'en étaient pas moins engourdis. Elle se releva en s'étirant et quitta le salon. Lorsqu'elle passa dans le couloir, la porte d'entrée s'ouvrit et James entra précipitamment.

— Chéri, tu es déjà de retour ? s'étonna-t-elle. Tu as vu Victor ?

James salua sa femme d'un rapide baiser et lui expliqua la situation tout en filant à l'étage d'un pas pressé.

— Victor a été assassiné. Il avait quelque chose à cacher mais je n'en sais pas plus.

Et il disparut à l'étage. Linnéa resta perplexe plusieurs minutes avant de finalement monter l'escalier à son tour pour rejoindre son époux. Elle retrouva ce dernier dans la chambre de leur domestique, accroupi devant un petit meuble qu'il fouillait avec frénésie. Il vidait les tiroirs sur le sol et sur le lit, chaussettes, pulls, pantalons, tout y passait.

— Mais qu'est-ce qui te prend ? s'inquiéta Linnéa en voyant son mari mettre la pièce sens dessus dessous, comme pris de folie.

Le jeune homme s'immobilisa soudain. Il était debout devant un tiroir ouvert du bureau, le regard fixé sur une grande enveloppe brune. Le nom Valnasser était inscrit en grand à l'avant. James s'empara de l'enveloppe en la manipulant telle une relique sacrée.

— Valnasser ? lu Linnéa en s'approchant de son mari. Qu'est-ce qu'une enveloppe au nom de cette vipère fait dans le bureau de notre domestique ?

Elle saisit l'enveloppe et l'ouvrit avec hâte mais elle regretta presque son geste en y découvrant l'un de ses propres plans de rénovation pour un vieux chalet.

— Il... souffla-t-elle, le regard plein d'incompréhension. Victor a copié mes travaux pour les vendre à la concurrence...

— Tes travaux ? dit enfin James qui n'avait pas proféré un mot depuis le début des fouilles. Il n'y a rien d'autre ?

Le policier arracha les documents des mains de son épouse et les éplucha un à un en les jetant ensuite par-dessus son épaule. Il n'y avait effectivement rien d'autre que des dossiers appartenant à la CDG, ce n'était pas du tout ce qu'il cherchait.

— C'était un espion... se désola la jeune femme qui n'en revenait toujours pas. J'ai toujours pensé qu'il était trop parfait pour être un véritable domestique. Trop authentique, trop typique, il jouait un rôle complètement cliché...

James se laissa tomber sur le lit en désordre avec un profond soupir de désarroi. Ce n'était pas ce à quoi il s'était attendu. Tout ceci n'avait aucun lien avec Khali, rien qui puisse prouver l'innocence de la belle. Certes, Victor s'était joué d'eux, il avait menti d'un bout à l'autre, sa parole avait donc moins de valeur quand il disait que Khali avait tiré sur James et Jessica à l'intérieur de la maison, mais cela ne constituait en aucun cas une preuve pour la police.

Au diable Victor, James était convaincu de l'innocence de sa maîtresse et seul cela comptait. Il parviendrait à l'innocenter coûte que coûte. Tandis que Linnéa continuait à se lamenter sur le double jeu de Victor, James se leva et quitta la chambre. On l'avait devancé sur ce coup, mais il serait plus vigilant à l'avenir. L'heure d'une nouvelle mise au point avec Khali était venue.


🐺🐺🐺


Une forte odeur d'excréments imprégnait les lieux. C'est ce qui fit peu à peu revenir Khali à elle. Elle était enfermée dans un petit espace étouffant et l'air venait à lui manquer. Une bouffée de fraîcheur la tira subitement de sa somnolence. Le kidnappeur la traîna hors du coffre de sa voiture. Elle ne put rien faire, rien dire, même pas prendre une grande inspiration par la bouche, elle était fermement ligotée et bâillonnée. Trop faible pour tenir sur ses jambes, elle se laissa tomber sur le sol recouvert de paille. Ils étaient dans une étable, petite et nauséabonde. Le frère de Karl attrapa Khali par les bras et la traîna dans la paille jusqu'au bout de l'étable. Il la laissa sur un petit monticule de foin et l'attacha à l'arrière d'un tracteur.

— Ne bougez pas, ordonna-t-il. Mes parents vous nourriront deux fois par jour, c'est leur ferme. Ils s'occuperont de vous. Mais ne vous attendez pas à un traitement de faveur, je vous rappelle que vous avez tué leur fils aîné...

Khali voulut parler mais le foulard trop serré contre sa bouche l'en empêcha. Elle ne put retenir le jeune homme qui s'installa au volant de son véhicule et s'en alla sans un regard en arrière, la laissant seule au milieu du troupeau de vache, à la merci des parents d'un homme qu'elle avait froidement assassiné.


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James entra dans la grotte et prononça le nom de Khali mais il n'eut aucune réponse. Il parcourut par trois fois la vaste surface du parc aux sapins en interpellant la belle mais elle ne daigna pas se montrer...



Nuit Sans Lune (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant