Chapitre 41 - Un souci de moins

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James claqua la portière de sa voiture et se tourna face à l'hôpital. Il mit les mains sur ses hanches et soupira longuement. Il était venu pour interroger Victor, pour découvrir ce qui se cachait réellement sous toutes ces histoires. L'espoir d'obtenir enfin une preuve irréfutable de l'innocence de Khali avait guidé ses pas jusqu'à ce parking. Mais le policier craignait également la vérité. Il avait peur que ses espoirs soient réduits à néant si jamais Victor lui apportait au contraire une preuve de la culpabilité de la jeune femme. La pluie se mit à tomber, incitant James à entrer dans le bâtiment.


🐺


Jessica croisa un infirmier dans les couloirs de l'hôpital et le salua d'un large sourire. Elle poussa une porte sur sa droite et entra dans une chambre de malade. Elle attrapa une chaise et la coinça sous la poignée pour bloquer la porte. Un homme était étendu sur le lit au fond de la pièce, il dormait. Jessica s'approcha et sourit d'un air mauvais en reconnaissant Victor.

La jeune femme ouvrit une boîte de chocolat qu'elle avait emportée, mais il n'y avait pas une seule confiserie à l'intérieur, elle en tira une seringue et un petit flacon contenant un liquide indéterminé. L'aiguille s'enfonça lentement dans le capuchon de caoutchouc tandis que le flacon se vidait graduellement. Jessica se tourna vers le goutte-à-goutte du malade et saisit le petit tuyau entre ses doigts. Son sourire s'élargit au fur et à mesure que le poison pénétrait dans les veines de Victor. Un souci de moins.

La jeune femme rangea ses instruments dans son sac et se dirigea vers la fenêtre. Elle écarta les rideaux et se pencha à l'extérieur. Le monde semblait plus petit depuis le deuxième étage. Une camionnette arriva quelques instants plus tard et stationna sous la fenêtre. Deux matelas étaient superposés dans la remorque. Un homme se pencha par la fenêtre du véhicule et fit signe à sa complice qu'il était prêt, le poing fermé et le pouce levé, il s'agissait d'un disciple de Valnasser. Jessica grimpa sur le rebord de la fenêtre et sauta sans la moindre hésitation. Elle atterrit sur les matelas, mais la chute ne fut que partiellement amortie. Le moteur se mit aussitôt à ronronner puis la camionnette s'éloigna rapidement de l'hôpital. Mission accomplie.


🐺


James inséra une pièce dans la machine à café et sélectionna un expresso noir et sans sucre, il avait besoin de quelque chose de fort. Dommage que personne n'ait inventé la machine à cognac à ce jour. Un curieux bourdonnement résonna depuis le ventre de l'appareil. Les gens de passage se retournèrent tous mais James ne remarqua rien. Il attrapa le gobelet brûlant puis s'éloigna en oubliant de récupérer sa monnaie.

Le café était bien trop chaud, James se brûla la lèvre inférieure. Enervé, il le jeta dans la première poubelle. Le policier entra ensuite dans un ascenseur et appuya sur le bouton numéro 2. La montée semblait n'en plus finir, elle ne dura pourtant que quelques secondes. James se faufila entre les deux panneaux de la double porte à peine ouverte, subitement pressé d'en finir avec cette histoire. Il accéléra d'abord le pas, puis ralentit en apercevant un attroupement d'infirmières et de médecins à proximité de la chambre de Victor. Une femme en blouse blanche s'approcha alors de lui, la main levée comme pour lui dire stop.

— Monsieur Gardam, j'ai une grave nouvelle à vous annoncer.

— Que s'est-il passé ? s'enquit le policier en se hissant sur la pointe des pieds pour mieux voir l'agitation au bout du couloir. Il est arrivé quelque chose à Victor ?

— Oui, il est mort...

— ... Mort... répéta-t-il d'un air absent. Comment ?

— Nous l'ignorons encore. Tout ce que je sais c'est que la porte était bloquée de l'intérieur avec une chaise. Mais il n'y avait plus personne à part le malade.

— Vous avez prévenu la police ?

— Oui, à l'instant.

— Très bien, je n'ai... je n'ai... plus qu'à rentrer chez moi alors... constata James, hébété.

— Vous ne voulez pas examiner la chambre ? s'étonna l'infirmière.

— Non, je ne peux pas travailler sur une affaire à laquelle je suis lié.

James se surprenait lui-même à dire ce genre de chose. Malgré son attachement à Khali et les nombreuses mises en garde du commissaire Thomas il n'avait pas cessé de traquer la mystérieuse inconnue, responsable des vols, des meurtres, et de toute la sombre histoire dans laquelle il avait été happé. Victor ne pouvait qu'avoir été assassiné, cela semblait évident à James. Quelqu'un avait voulu faire taire le domestique. Mais que Victor pouvait-il bien savoir de si compromettant ? Il emporterait sans doute ce mystère dans sa tombe. A moins qu'il n'ait gardé des traces écrites quelque part dans sa chambre, au sein même du domaine Gardam...



Nuit Sans Lune (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant